L’opinion publique
--
Date: 10 avril 2015Auteur: Daniel Nadeau
Un autre concept clé de la pratique des relations publiques est celui de l’opinion publique. Définir ce concept n’est pas une chose simple. L’opinion publique est une construction théorique, une fiction qui n’existe pas. C’est une chose inventée au moyen des représentations que nous allons cueillir par les sondages, les enquêtes ou par des comportements électoraux. Ça, c’est l’opinion publique qui se mesure, qui se compte. Le sociologue français Pierre Bourdieu prétend pour sa part que l’opinion publique n’existe pas puisqu’il accorde peu de valeur aux réponses de sondage auprès de la population sur des questions complexes.
Il existe aussi une autre vision de l’opinion publique qui est définie comme la somme des opinions des différents groupes sociaux ou classes sociales dans l’espace public par les débats démocratiques. Cette définition de l’opinion publique a fait l’objet de bien des débats contradictoires, mais de nombreux chercheurs l’ont retenue comme la plus vraisemblable. Pour bien la saisir, j’en ai fait un jour un projet de thèse de doctorat, il faut faire appel à de nombreux concepts dont celui d’espace public développé par Jurgen Habermas, celui de conversation démocratique aussi développé par Habermas et enfin celui de coalition majoritaire rendue possible par les intellectuels organiques selon Gramschi. Bref, d’intenses débats intellectuels et philosophiques pour parler de ce que nous appelons tout simplement le tribunal de l’opinion publique.
En fait, l’opinion publique dans la vie d’un praticien des relations publiques c’est de gagner le concours de j’aime dans un débat donné dans un cadre spatio-temporel. Gagner la bataille de l’opinion publique dans un projet c’est de créer ou de harnacher un courant favorable d’opinions pour son dossier afin d’obtenir gain de cause. Plusieurs participent à ce combat et tous sont organisés pour faire triompher leur point de vue auprès des publics cibles identifiés préalablement.
À titre d’illustration, les campagnes publicitaires et de relations publiques des fédérations de médecins contre les projets du Dr Barette sont un mouvement organisé d’une campagne orchestrée pour gagner la faveur du public. Vous le saviez n’est-ce pas?
Dans un tout autre ordre d’idée, le mouvement étudiant quant à lui ne cherche pas à gagner l’adhésion du public. Il a sa propre logique révolutionnaire…