Radiographie des médias canadiens : Radio-Canada
--
Date: 4 juin 2015Auteur: Daniel Nadeau
Lise Boily et Marcel A. Chartrand dans leur livre intitulé Conjuguer avec les médias. Les défis inédits du relationniste paru en 2012 aux Presses de l’Université Laval, font un panorama des médias canadiens. Cet état de situation a été fait en 2012, il est possible, voire certain, que certaines informations contenues ne soient plus exactes, mais autant que nous sachions nous ferons les mises à jour. Voyons ensemble le panorama des médias canadiens tel que colligé par Boily et Chartrand.
Le Canada compte une population de 34 millions d’habitants. On peut compter sur plusieurs réseaux francophones et anglophones pour desservir les besoins de cette population en matière d’information et de divertissement. Les médias se sont transformés. Ils ont connu un décloisonnement et offre une gamme de services pour offrir de l’information : nouvelles en ligne, statistiques, photos, graphiques, etc. Il y a encore de grandes agences de presse internationales qui alimentent nos médias canadiens tels Associated Press (AP), Agence France-Presse(AFP) et Reuters.
Les réseaux d’information canadiens tant publics que privés sont de plus en plus intégrés. Parmi ces réseaux, il y d’abord CBC/Société Radio-Canada (SRC). Le réseau d’État, qui connaît d’énormes problèmes de financement à la suite des compressions draconiennes du gouvernement fédéral, compte huit stations de télévision, dont trois qui lui appartiennent, soit les deux de Montréal (SRC et CBC) et celle de Québec. Les cinq autres sont privés et lui sont affiliés. (Boily et Chartrand, p. 45)
À l’extérieur du Québec, CBC/SRC compte 32 stations. De ce nombre, 16 lui appartiennent. Il y en a sept qui diffusent le contenu de la SRC et 25 qui diffusent le contenu de la CBC. Radio-Canada possède aussi deux réseaux de stations de radios. Elle compte sur deux radios parlés où il y a beaucoup d’informations soit la Première Chaîne et Radio One et d’autres qui sont consacrés à la musique. Radio-Canada/CBC compte 11 stations de radios au Québec dont 9 appartiennent à Radio-Canada et deux à la CBC. Ailleurs au Canada, la CBC/SRC compte 15 autres stations de la SRC et 33 stations de la CBC réparties dans tout le pays. (Boily-Chartrand, p. 43)
En 2007, la SRC/CBC employait 8 300 Canadiens dans 27 bureaux en région. Elle possède aussi 14 bureaux à l’étranger afin de couvrir les nouvelles internationales. Radio-Canada/CBC possède aussi un site Internet riche en informations dans tous les secteurs de la vie des Canadiens et elle s’est aussi dotée d’un réseau international qui diffuse en neuf langues. De nombreuses compressions budgétaires ont été faites cette dernière année dans ce service unique au Canada.
De loin, la SRC/CBC est le réseau d’information le plus important au Canada. Victimes de compressions budgétaires, plusieurs s’inquiètent de l’avenir de Radio-Canada/CBC au pays et de sa capacité de remplir sa mission. Dans une étude récente commandée par les gouvernements du Québec et de l’Ontario réalisée par le consultant Michel Houle, il est clairement établi que l’on décapite ce réseau par un financement bien en deçà des autres dépenses de notre gouvernement fédéral. Lisons la conclusion de Michel Houle à ce sujet :
« On constate alors qu’au cours des deux premières décennies de cette période
(1990-91/2009-10), les crédits parlementaires annuels alloués à CBC/SRC ont augmenté
d’un peu moins de 6 %. Ce qui contraste grandement avec la croissance des dépenses
totales du gouvernement fédéral au titre de l’exploitation et des programmes qui est de
l’ordre de 73 % au cours de la même période, comme avec l’évolution des dépenses du
gouvernement fédéral au titre de la défense nationale (70 %) ou de la culture et de la
radiodiffusion, crédits parlementaires à la Société exclus (73 %). En revanche, les
dépenses allouées au remboursement de la dette ont diminué de 31 % au cours de cette
période, ce qui a réduit d’autant la pression sur les finances publiques.
Incontestablement, CBC/SRC n’a pas été choyée par les gouvernements qui se sont
succédé en ce qui a trait aux crédits parlementaires qui lui ont été alloués au cours de
ces deux décennies. Et cela en dollars courants. L’Indice des prix à la consommation
(IPC) ayant augmenté de 41 % au cours de la même période, la croissance des crédits
parlementaires (6 %) lui est très inférieure, ce qui implique une diminution significative
en dollars constants. Ce qui n’est pas le cas des dépenses générales du gouvernement
fédéral qui ont crû à un rythme significativement plus soutenu (73 %) que l’IPC (41 %).
Si on prolonge la séquence jusqu’en 2013-14, on constate qu’au cours des quatre
premières années de la décennie 2010, les crédits parlementaires de CBC/Radio-Canada
expérimentent un nouveau cycle baissier : ils diminuent de près de 5 % entre 2010-11 et
2013-14 alors que les dépenses publiques totales continuent de progresser modestement
(2 %) et que l’IPC est en hausse d’un peu plus de 4 %.
Ce qui fait qu’entre 1990-91 et 2013-14, les crédits parlementaires de la SRC ont
augmenté d’un peu moins de 0,5 % en dollars courants, alors que les dépenses
gouvernementales augmentaient de 74 % et l’IPC de 51 %. »
Bref, l’avenir de la SRC/CBC est menacé et avec celui-ci le droit du public à être informé de façon diversifiée et avec des ressources présentes sur l’ensemble du territoire canadien.