La fin du journal La Presse version papier
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Date: 22 septembre 2015Auteur: Daniel Nadeau
Le 16 septembre dernier, l’éditeur de La Presse, monsieur Guy Crevier, a annoncé la fin du journal La Presse version papier, sauf pour l’édition du samedi. Cette décision entrera en vigueur à compter du 1er janvier 2016. Décision prévisible dans la foulée du succès de l’édition électronique La Presse + et de la vente par Gesca des quotidiens régionaux au Groupe Capitales Médias de monsieur Martin Cauchon.
Ce n’est pas parce qu’une décision était prévisible qu’elle est moins percutante pour nous tous. La disparition de La Presse en version papier est en soi un événement marquant de notre époque. La Presse a été pendant longtemps le quotidien au Québec. Jeune Montréalais, j’ai été camelot de la grosse Presse, comme on la nommait affectueusement. Ce journal a fait partie de ma vie d’enfant, de lecteur et de citoyen. C’est un événement marquant qui nous révèle les profondes mutations de notre époque. L’invasion massive de nos vies par les nouvelles technologies de l’information a des conséquences palpables dans la vie de tous les jours. La disparition de La Presse, version papier en est simplement une conséquence visible.
Guy Crevier justifie cette décision par le déclin de l’industrie et du papier. Selon sa déclaration du 16 septembre dernier, il note le déclin irrémédiable des médias généralistes et principalement des quotidiens imprimés. Pour l’éditeur de La Presse, les quotidiens imprimés ne peuvent plus survivre dans un univers où les principales sources de revenus décroissent à vitesse grand V. Les revenus publicitaires de l’industrie des journaux ont perdu 63 % de l’ensemble des revenus publicitaires entre 2006 et 2013 alors que le tirage payant des journaux en Amérique du Nord a connu pour la même période un recul historique de 22 %.
Avec de tels indicateurs et les coûts croissants de l’impression et de la distribution des journaux, la décision de cesser l’édition papier de La Presse était une cause entendue. La décision annoncée par l’éditeur Crevier n’a rien d’une surprise pour quiconque observe attentivement cette industrie.
Il faut dire que le succès d’estime et le potentiel financier de La Presse +, la version électronique de La Presse, a joué pour beaucoup dans ce virage risqué pris par Power Corporation avec le plus grand quotidien d’Amérique. Seul le temps nous dira si cette décision sera la bonne. À court terme cependant, la disparition de La Presse, version papier constitue une occasion d’affaire exceptionnelle pour les autres quotidiens nationaux comme Le Journal de Montréal, Le Journal de Québec et Le Devoir ainsi que pour les quotidiens régionaux du Groupe Capitales Médias notamment pour notre quotidien local La Tribune.
Celles et ceux qui comme moi aiment bien sentir l’encre sur le papier imprimé en goûtant leur premier café de la journée pourront adopter de nouveaux quotidiens et prouver que le papier est loin d’être mort dans notre société. Le papier est là pour rester même s’il faut comprendre qu’il doit aujourd’hui se réinventer dans un monde où les supports électroniques sont de plus en plus envahissants.