Moeurs électorales et communication
--
Date: 23 septembre 2015Auteur: Daniel Nadeau
Vous êtes nombreux à pester contre les campagnes électorales, leur longueur, l’omniprésence des candidats dans les médias et contre l’affichage électoral que vous assimilez à de la pollution visuelle. Une question se pose : Est-ce que cela a toujours été comme cela?
Dans le dernier numéro de la revue Bulletin d’histoire politique publié cet automne chez VLB, Alain Lavigne et Andréanne Cantin nous fournissent des éléments de réponse dans un article intitulé : « Des campagnes électorales à l’américaine sous Duplessis »
Dans leur article, les auteurs notent que les campagnes électorales américaines ont débuté à l’élection de 1952, élection qui a porté le républicain Dwight D. Eisenhower à la présidence des États-Unis d’Amérique. Ces nouvelles façons de faire de la politique se caractérisaient selon les auteurs par cinq éléments :
- Des méthodes de communication fortement personnalisées;
- Un recours à des professionnels de communication;
- Des décisions stratégiques précédées d’études de marché;
- Un recours aux médias de masse ainsi qu’aux techniques publicitaires réputés plus performantes;
- Des moyens financiers de plus en plus considérables.
La campagne d’Eisenhower en 1952 a été fortement teintée par ces caractéristiques. Le candidat est au centre de toutes les communications. Il est présenté comme un héros populaire. On met en évidence ses principales qualités. On s’intéresse tout particulièrement au contrôle de l’image. On fait appel à des professionnels de la communication, les professionnels de relations publiques BDD&O ainsi qu’à l’agence Ted Bates de Madison Avenue à New York.
Toute la campagne est précédée d’études d’opinions et de sondages avec lesquels on cherche à mieux connaître le marché électoral. On fait appel massivement à tous les médias et la publicité est porté par un slogan directeur : « Time for a change ». On utilise la technique des films de propagande ainsi que les spots télévisuels pour publiciser les idées du candidat. Des moyens financiers considérables sont mis à contribution. On a consacré 3,4 millions de dollars à la campagne d’Eisenhower. Des moyens financiers considérables pour l’époque.
Si le président démocrate Roosevelt avait amorcé le mouvement en utilisant la radio comme vecteur principal de sa campagne, ce sont les républicains lors de la campagne d’Eisenhower qui ont adopté la télévision et les méthodes modernes de communication pour faire gagner leur candidat.
Lectures suggérées :
Alain Lavigne et Adréanne Cantin, Des campagnes électorales à l’américaine sous Duplessis dans Bulletin histoire politique, Vol 24, numéro 1, automne 2015, p.30-41.
Melvyn H. Bloom, Public relations and Présidential Campaigns : A Crisis in Democracy, Newyork, Crowell, 1973.
Robert Agranoff, The New Style in Elections Campaign, Boston , Holbrook Press, 1972.