Les partis fédéraux sont-ils réellement sur Pinterest, Vine, Livestream et SnapChat ?
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Date: 5 octobre 2015Auteur: mblanc
La question mérite d’être posée puisque c’est l’affirmation qu’on peut lire dans l’article Une stratégie 2.0, Les partis politiques tentent de gagner les électeurs par les réseaux sociaux du Journal de Montréal, sous la plume de la journaliste Dominique La Haye.
Dans l’article on dit :
La guerre que se livrent les partis politiques pour récolter des votes se joue maintenant en format 2.0, et 2015 sera la première véritable campagne électorale fédérale sur les médias sociaux.
«On a parlé de 2005-2006 comme étant la campagne Facebook, ensuite on a parlé de 2008 comme étant la première campagne Twitter […] Mais là, en 2015, j’ai l’impression qu’on est vraiment en présence de l’approche multiplateforme, où tous les partis sont présents et y sont très engagés», indique le professeur de communication politique de l’Université Laval, Thierry Giasson.«Les partis fédéraux ont eu quatre années pour se familiariser (avec les) médias sociaux. Là on va voir l’innovation», poursuit l’expert.
Aux largement répandus réseaux Facebook, Twitter et YouTube s’entremêlent des comptes Instagram, Pinterest, Flickr, Vine, Livestream et SnapChat dont s’arment les partis politiques. L’objectif recherché? Mettre en valeur l’image des chefs et leurs politiques à coups de clichés léchés, d’infographies et de montages vidéo tournés dans des décors ne laissant rien au hasard. C’est aussi sur ces plateformes que les stratèges politiques ne ratent pas une occasion de mitrailler du bout des doigts leurs adversaires. Le tout échappant au filtre journalistique présent dans les médias traditionnels.
Intéressant plaidoyer qui contredit carrément mon dernier billet L’évaluation des présences sociales des chefs et des partis politiques fédéraux. J’y disais que :
Sauf qu’ici, on s’entend que l’étendue et la complexité des présences web de nos chefs, sont d’une pauvreté effarante, comparativement à ce qui se fait ailleurs. Nos politiciens ne semblent toujours pas avoir compris la nature bidirectionnelle des médias sociaux et se servent de ceux-ci principalement comme canal de broadcast. Ils ont massivement investi Facebook et ils semblent croire que c’est le bouton à quatre trous qui leur fera gagner une élection. Ils ne sont sans doute pas au courant que l’algorithme de Facebook (le Edgerank) confortera leurs fans sur la justesse de leur choix, mais que les indécis ne verront pratiquement jamais leurs contenus.
Or, selon l’article, on serait effectivement dans une élection 2.0!!! Or on y dit aussi que les partis seraient aussi sur Pinterest, Flickr, Vine, Livestream et SnapChat? Alors ils y font peut-être de la pub, mais une présence officielle? Ça m’a réellement échappé et il semble que ça a aussi échappé aux webmestres des partis eux-mêmes. En effet, les Conservateurs parlent sur leur site de leurs présences Facebook et Twitter, les Libéraux parlent de leurs présences Facebook, Twitter, Instagram et Flickr tandis que le NPD parle de Facebook, Twitter, YouTube, Instagram et Flickr. Aucun des partis ne parle de Vine, Pinterest, Livestream ou Snapchat. Ils y sont peut-être, mais disons que j’aimerais bien en avoir la preuve. En outre, l’article dit « tous les partis sont présents et y sont très engagés ». Alors monsieur Giasson et moi n’avons sans doute pas la même définition « d’engagement ». Selon Definitions-marketing.com, l’engagement est :
La notion d’engagement sur les réseaux sociaux traduit la propension des consommateurs à interagir avec une marque sur les réseaux sociaux.
À contrario, l’engagement des partis sur les médias sociaux serait donc qu’ils interagissent avec les électeurs! Ce qui clairement n’est pas le cas avec tous les outils d’analyse que j’ai pu consulter.
Donc, monsieur Giasson a peut-être été mal cité, peut-être s’est-il inspiré de l’expérience américaine pour supposer que c’était ce qui se faisait ici aussi, peut-être parle-t-il à travers son chapeau ou peut-être est-ce moi (de même que les webmestres des partis eux-mêmes) qui ne sais pas que les partis ont des présences beaucoup plus innovantes qu’ils le mentionnent eux-mêmes…
J’ai donc pris mon bâton magique (Google pour ne pas le nommer de même que les engins de recherche de certains des outils eux-mêmes) et suis parti à la recherche de ces fabuleuses présentes innovantes des candidats ou des partis fédéraux.
En fouillant un peu, j’observe que Justin Trudeau
• est sur Pinterest (avec zéro photo),
• sur Vine (avec un seul pitch, mais dans les deux langues On note ici sa signature),
• sur Livestream Justin a fait 10 événements (le compte ne suit personne et a 480 abonnés) et sur le site du parti, ça mène à une page d’erreur 404,
• qu’il est par contre très présent sur Instagram
• et finalement il semble que les Libéraux soient sur Snapchat, mais tout comme moi, d’autres usagers n’y voient aucun contenu.
Que Thomas Mulcair
• est sur Storify avec 4 statuts,
• que lorsqu’on cherche NPD sur Pinterest avec Google qu’on tombe sur Narcissistic Personality Disorder (sic) et avec NDP, on trouve bien quelques élus fédéraux, mais surtout des profils NDP provinciaux. Avec la requête Thomas Mulcair Pinterest, rien n’apparaît dans Google et si on fouille dans l’engin de recherche Pinterest lui-même, ce qu’on y trouve à propos de Thomas Mulcair n’est pas des plus élogieux et il y a bien un certain compte ThomasMulcair, mais avec zéro activité.
• Qu’il est présent sur Instagram et que lorsqu’on cherche NDP Instagram sur Google, on tombe sur NDP2015 (la parade annuelle de Singapour) (re-sic), puis sur un article expliquant pourquoi le commentaire homophobe de Deborah Drever sur instagram, lui a valu d’être expulsé du parti (re-re-sic),
• qu’il est sur Vine et qu’on y dénote une certaine originalité,
• qu’il est sur Livestream (avec 141 abonnés et 0 abonnement),
• et qu’il ne semble pas être sur Snapchat.
Que Stephen Harper
• Ne semble pas ni lui, ni son parti être sur Pinterest,
• qu’il est sur Instagram avec zéro abonnement,
• qu’il est sur Flickr et je note ici qu’il fait le gros effort de suivre 61 abonnements et que son compte est très riche en poignées de mains officielles,
• qu’il est sur Vine avec zéro publication
• et que je ne trouve rien de lui ou son parti sur Livestream ou Snapchat
En conclusion, j’admets humblement m’être peut-être « fourré » et que cette démonstration de la présence des chefs de partis sur les outils 2.0 est sans doute un gros pas dans la bonne direction (ils ont tout de même ouvert certains comptes) et que oui, pour les observateurs plus optimistes que je ne le puisse être, c’est la preuve irréfutable que nous sommes maintenant à l’ère des élections 2.0 (permettez que je m’étouffe et que je racle le fond de ma gorge très profondément)…