L’importance des médias régionaux pour la démocratie locale

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Date: 9 février 2016
Auteur: Daniel Nadeau

Ce ne sera pas la première fois que je livre un plaidoyer pour les médias régionaux. J’ai à maintes occasions pris la parole où la plume pour défendre nos médias régionaux. Que ce soit pour la salle de rédaction de TQS, pour déplorer les coupes dans les heures de programmation locale chez TVA ou encore pour défendre avec vigueur Radio-Canada. J’ai aussi à l’occasion déploré la faiblesse de certaines antennes qui se vautrent dans le sensationnalisme. Si j’ai fait cela, c’est qu’en quelque sorte mon métier ne peut exister sans la présence de médias. Il y allait de mon intérêt.médias régionaux

Une conférence donnée l’automne dernier par le président d’influence communication, Jean-François Dumas, sur la présence des médias en Gaspésie me donne raison. Comme nous le rapporte le journal Le Devoir dans un article paru vendredi dernier, en 2015 il s’est diffusé 1,7 million de nouvelles et pour en trouver une qui traitait de la Gaspésie il fallait attendre la 10 000e place!

À partir de ce survol,Jean-François Dumas affirme au journaliste du journal Le Devoir que « chaque région s’intéresse à elle-même, ce qui est normal, mais globalement, l’intérêt porté aux régions dans nos médias a chuté comme neige au soleil depuis une quinzaine d’années » (Le Devoir p. B 2, op.cit.) Jean-François Dumas qualifie ce phénomène de « Macdonaldisation de l’information ». La même nouvelle est diffusée de Gatineau à Gaspé et on fait fi de toutes les particularités régionales.

L’étude menée par Influence communication pour le compte du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) s’intéressait à documenter la piètre couverture de l’information locale et la viabilité des télés locales. Les principales conclusions de cette étude c’est qu’en 2001 8,17 % des nouvelles étaient locales. En 2011, ce chiffre a chuté de 80 % pour atteindre 1 % de nouvelles locales.

De ce 1 % de nouvelles locales, trois régions soit Montréal, Québec et Saguenay en ont généré 59 % en 2011 et 91 % en 2014. C’est moins de 1 % des nouvelles générées pour les quatorze autres régions du Québec. Montréal comme région couvre mal ses nouvelles locales. À cet égard, ce sont les villes de Québec et de Sherbrooke avec respectivement 15 % et 11,5 % qui couvrent le mieux l’actualité de leur région.

Pire encore, les auteurs de l’étude établissent un lien entre la vitalité démocratique et la couverture de l’information locale. Les villes où le taux de participation aux élections municipales est le plus élevé sont celles où il y a une meilleure couverture de l’actualité locale.

Malgré cela, la quantité et la qualité de la couverture ne cessent de diminuer pour toutes les régions. Les difficultés financières des imprimés locaux et des médias électroniques en région, la spectacularisation du monde des médias et le cynisme ambiant sont autant de facteurs qui affaiblissent notre volonté de vivre ensemble et de débattre des enjeux de nos vies.

Il faut défendre nos médias régionaux, la qualité de la couverture de l’actualité locale ainsi que la vitalité de nos débats démocratiques. À cet égard, nous pouvons nous réjouir de la présence d’un groupe comme Capitales Médias qui a racheté les quotidiens régionaux de Gesca, mais il faut tout de même qu’ils respectent leurs engagements malgré un contexte financier difficile…

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