Les baby-boomers et la révolution
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Date: 27 avril 2016Auteur: Daniel Nadeau
On a attribué bien des choses à la génération des baby-boomers. Les générations x et y ont longtemps fait des baby-boomers des privilégiés dont il fallait couper les privilèges. De toutes les générations, c’est celle des baby-boomers qui a été le plus souvent mis au banc des accusés. Il est donc d’intérêt de partager avec vous les réflexions d’un auteur, Jean-Marc Piotte, qui cherche dans un essai paru récemment de redonner la juste place à cette génération dans notre histoire.
Le propos de Jean-Marc Piotte porte sur la révolution des mœurs et la Révolution tranquille. Deux révolutions qui ont marqué l’histoire du Québec depuis les années 1960. Piotte distingue soigneusement la révolution des mœurs et la Révolution tranquille. Pour lui, la révolution des mœurs est le fait des baby-boomers qui s’inscrit à l’intérieur d’un mouvement social plus vaste et qui possède une solide composante féministe alors que la Révolution tranquille prend plutôt appui sur des acteurs provenant des mouvements d’action catholique.
L’auteur nous explique bien que ces deux mouvements s’inscrivent dans un contexte économique particulier, celui des Trente Glorieuses du titre de l’ouvrage de l’économiste français Jean Fourastié. C’est la fin de la Seconde Guerre mondiale qui marque le début de cette ère de développement économique sans précédent où le taux de croissance économique moyen frisera les 5 % et qui verra naître une classe moyenne ainsi que la société de consommation que nous connaissons bien aujourd’hui. Cette période heureuse pour l’Occident prendra fin avec le choc pétrolier de 1973.
La révolution des mœurs trouvera son origine dans une nouvelle culture qui naîtra aux États-Unis avec l’apparition du rock’n’roll, la renommée grandissante d’Elvis Presley et le formidable essor de la télévision. Lisons ce que nous dit l’auteur de cette période : « La dernière phase des Trente Glorieuses a en effet engendré un groupe de jeunes qui, pour la première fois de l’histoire, jouit d’un pouvoir d’achat autonome que viseront directement les campagnes de marketing. Se développe alors une sous-culture de jeunes qui, peu à peu, influencera l’ensemble de la société. Cette nouvelle génération habitée par le désir de consommer et valorisant les jeunes entrepreneurs, deviendra la proie du capitalisme qui, telle une pieuvre, aspire tout ce que ses ventouses effleurent » (Jean-Marc Piotte, La révolution des mœurs : comment les baby-boomers ont changé le Québec, Montréal, Éditions Québec-Amérique, 2016, p. 29 et 30.).
La Révolution tranquille est quant à elle un phénomène bien québécois qui concerne la modernisation des institutions politiques par l’engagement de l’État dans les missions d’éducation, de santé et de services sociaux de même que par un fort interventionnisme économique de la part de l’État qui devient ainsi le principal outil de la promotion de la collectivité canadienne-française. D’où naîtr5a l’idée du « pays du Québec ». C’est à cette époque que nous chantions et scandions fièrement dans les rues les paroles de la chanson du groupe Révolution française : « Québécois, nous sommes Québécois. Le Québec saura faire s’il ne se laisse pas faire… » (Air bien connu)
Quoi qu’il en soit, la réflexion contenue dans l’essai de Jean-Marc Piotte est fort instructive pour mieux comprendre le Québec contemporain et pour distinguer les deux révolutions qui ont marqué notre imaginaire depuis les années 1960 : La Révolution tranquille et la révolution des mœurs. Un livre à lire absolument pour qui veut mieux comprendre le Québec d’aujourd’hui…