L’intimité de Pauline Marois
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Date: 28 avril 2016Auteur: Daniel Nadeau
Même si les politiciens sont souvent décriés. Il y a un voyeurisme de bon aloi de la plupart d’entre nous pour mieux comprendre l’univers de ces personnes qui nous dirigent. Alors que le juge Vaillancourt a violemment critiqué le comportement du bureau du premier ministre Harper, il n’est pas sans intérêt de plonger dans le quotidien du cabinet de madame Marois pour mieux comprendre cette période de notre histoire politique récente.
Sous la plume de l’ex-publicitaire de Cosette, Dominique Lebel, les lecteurs ont droit à un récit personnel, intime et unique du quotidien de la première ministre Pauline Marois du 4 septembre 2012 au 7 avril 2014.
Nous n’avons pas droit à de grandes révélations. Celles et ceux qui chercheraient de la matière à scandales seront déçus. Il n’y a point de révélations spectaculaires dans ce livre de Lebel.
On a plutôt droit à une série de notes tirées de petits carnets noirs, nous révèle l’auteur, qui nous parle autant de lui que des gens avec lesquels il est en interaction dans le quotidien du cabinet de la première ministre Pauline Marois. Celles et ceux qui n’ont pas une connaissance intime de la politique et de ses acteurs seront étonnés de l’envahissement de la politique dans la vie des gens qui en font le métier. Dans ce monde, peu de périodes de repos. Tous sont toujours sur le qui-vive. On comprendra aussi que les éléments d’information qui font les manchettes de nos médias d’information sont des préoccupations de premier plan pour les acteurs politiques.
La période couverte par le livre de Lebel est riche. On peut vivre la déchéance de Daniel Breton, les tiraillements entre la ministre Ouellet et le cabinet de la première ministre, la victoire courte du PQ de Marois sur le PLQ de Charest en 2012, l’attentat contre Pauline Marois, la défaite crève-cœur de 2014 et la gifle dans Charlevoix ainsi que le drame de Lac-Mégantic.
Il n’y a pas de doute, le livre nous révèle de larges pans de l’activité de madame Marois et de son gouvernement durant la période relativement brève où elle fut première ministre du Québec. Ce qu’il y a de plus intéressant dans ce livre c’est ce qu’il ne contient pas. Ainsi, on ne parle pas de la mauvaise humeur de madame Marois qui a tardé à remettre les rênes du pouvoir à son successeur, ni par ailleurs des épisodes de la commission Charbonneau mettant en cause le Parti québécois, ni encore les tiraillements au sujet de la Charte de la laïcité. On évoque ces sujets bien sûr, mais le lecteur reste sur sa faim.
Il faut donc comprendre que les notes des carnets noirs de monsieur Lebel étaient sélectives ou qu’encore elles ont fait l’objet d’une sélection soigneuse pour ne pas mettre quiconque dans l’embarras. Ce n’est que de bonne guerre. Un livre à lire malgré tout pour mieux comprendre l’univers de celles et de ceux qui nous dirigent…