Le paradoxe des médias et le cas Trump

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Date: 21 juillet 2016
Auteur: Daniel Nadeau

Commençons par le début.

Énonçons simplement ce qu’est un paradoxe. Le dictionnaire Antidote nous dit qu’un paradoxe c’est : « Énoncé auquel on ne peut attribuer une valeur de vérité (vrai, faux) sans être amené à constater une contradiction. » Mardi soir, alors que j’écoutais la diffusion du reportage de la convention républicaine dans le cadre de la course à la présidence des États-Unis, des militantes et des militants sont venus se placer dans l’angle de la caméra avec de petits écriteaux où il était écrit (la traduction est de moi) « Ne faites pas confiance aux médias libéraux, ils mentent et font du spectacle. »

Une telle affirmation, probablement approuvée par l’organisation de Donald Trump est pour le moins étonnante. Elle est paradoxale. Si je dis que l’organisation de Donald Trump a probablement approuvé ces gestes, c’est que les orateurs invités à la tribune de la convention ont souvent répété cette affirmation : Trump_média« les médias et les élites sont contre notre candidat. Méfiez-vous d’eux. »

On reproche notamment à ces médias libéraux de parler avec trop d’insistance des déclarations mensongères du candidat Trump ou pire encore d’accorder une trop grande importance au plagiat du discours de Michelle Obama par l’épouse de Trump. La belle affaire! Les médias s’intéressent trop à la vérité. L’important pour les « trumpistes » c’est les paroles d’évangile réécrites par les bons soins de Donald Trump.

Pourtant, d’autres (et ils n’ont pas nécessairement tort) reprochent aux mêmes médias « libéraux » d’être responsables du « phénomène Trump ». Sans eux, jamais Donald Trump n’aurait pu obtenir une aussi grande notoriété et il est vraisemblable que sa victoire à la convention républicaine est très redevable à son habileté à utiliser les médias libéraux.

C’est le paradoxe que je voulais porter à votre attention ce matin dans ce billet. Le paradoxe c’est que la mécanique de fonctionnement des médias favorise le spectaculaire, les déclarations fracassantes et les mises en scène soigneusement préparées. Tout ce qui a fait le succès du candidat putatif du parti républicain à la présidence des États-Unis d’Amérique : Donald Trump. Les médias libéraux ont, par leur démission et leur recherche aux cotes d’écoute et au lectorat le plus nombreux, créé de toute pièce le populiste Trump. Aujourd’hui alors qu’il est devenu officiellement le candidat du parti républicain, ils devront faire un examen de conscience et nous expliquer ce paradoxe. Quant aux militants républicains, ils devraient se réjouir de l’attention accordée à ce candidat indigne de la grande démocratie américaine. Le monde entier vivra les répercussions de ces choix des médias américains et de la démission de ses intellectuels.

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