La responsabilité de la parole à l’ère des réseaux sociaux

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Date: 19 septembre 2016
Auteur: Daniel Nadeau

Mon amie, la blogueuse Michelle Blanc, dit à l’occasion dans ses conférences, dans son langage coloré qui n’appartient qu’à elle, que « Facebook c’est de la marde… ». D’autres n’hésitent pas à utiliser une expression aussi forte faisant des réseaux sociaux des « égouts à ciel ouvert ». reseau-sociauxEnfin, des commentateurs soucieux d’employer des termes plus mesurés et plus analytiques affirment que « sur les réseaux sociaux, nous retrouvons le pire et le meilleur des êtres humains. »

Tout cela pour vous écrire qu’à l’ère des réseaux sociaux, les gens qui font le métier d’exercice de la parole ont la responsabilité de mesurer en amont la portée de leurs paroles ou de leurs écrits. Sans quoi, cela peut créer des situations qui dépassent les intentions de leur auteur.

Vous vous demandez où je veux en venir. Voilà, j’y suis. Je veux vous parler des propos de Jean-François Lisée qui, pour faire valoir sa candidature comme chef du Parti québécois cloutier-vs-liseeou mieux pour discréditer son adversaire Alexandre Cloutier, n’a pas hésité à pratiquer l’amalgame entre les positions défendues par Alexandre Cloutier en matière de laïcité de l’État et la pseudo-déclaration d’appui d’Adil Charkaoui à sa candidature. Il n’en fallait pas plus pour que le pire de ce que l’on retrouve sur les réseaux sociaux se déchaîne et fasse des menaces au candidat Cloutier.

Bien sûr, certains pourraient évoquer que la déclaration de Lisée était de bonne guerre, que celle-ci fait partie de ce genre d’exercice. D’autres opineront que Jean-François Lisée n’a pas fait de lien direct, mais qu’il s’est interrogé à haute voix sur une curieuse association pour mieux défendre la véracité de sa position à lui.

On peut aussi comprendre que Lisée n’est pas responsable du déchaînement des passions que ces « lâches » déguisés derrière l’anonymat de leurs écrans se permettent de dire et de faire des choses qu’ils n’auraient jamais le courage de faire publiquement à visière levée.

Pour ma part, cet incident, aux proportions démesurées, démontre deux choses élémentaires à comprendre. En premier lieu, la question de la laïcité, de l’immigration, de la présence d’autres cultures continue d’être des phénomènes mal compris, mal assimilés et surtout à manipuler avec soin. Les femmes et les hommes qui ont pour métier la parole publique devraient faire preuve d’une prudence redoublée lorsqu’ils abordent ces questions hautement délicates.

En second lieu, il faut se rappeler qu’à l’ère des réseaux sociaux, la parole une fois prononcée appartient à celles et ceux qui se l’approprient, à l’image de la production d’un romancier qui, une fois son roman publié, appartient à ses lecteurs. Nous savons bien cela. Pourtant, nous semblons incapables de mesurer la portée de nos propos.

La parole publique est plus que jamais menacée par le « Far West » que représentent les réseaux sociaux.

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