La fiction et le réel
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Date: 12 octobre 2016Auteur: Daniel Nadeau
Hier matin, Le Journal de Montréal avait un dossier sur la ville de Terrebonne. Dans un article intitulé : « Terrebonne rongée par la corruption selon l’UPAC ».
L’amorce de l’article disait ceci : « Pots-de-vin, de dizaines de milliers de dollars, en échange de contrats, de voyages de luxe dans le sud, de croisières aux frais des entrepreneurs où le champagne coulait à flots: le maire de Terrebonne, Jean-Marc Robitaille, et sa garde rapprochée ont baigné dans la corruption pendant plus d’une décennie, allègue la police. De nombreux témoignages, des courriels et des photos en possession de l’Unité permanente anticorruption (UPAC) amènent les enquêteurs à penser qu’une série d’actes criminels ont eu lieu dans cette ville de la Rive-Nord (Montréal). Les complots allégués impliqueraient des élus, du personnel politique, des hauts fonctionnaires et des entrepreneurs. »
La réalité est difficile à vivre à Terrebonne comme ailleurs. Mais si pour vous détendre vous cherchez à vous changer les idées en lisant la littérature. Ne lisez pas surtout Yves Beauchemin dans son dernier roman Les Empocheurs publié chez Québec-Amérique, il vous replongera dans ces scandales que vous cherchiez à oublier.
Ce roman c’est du grand Beauchemin. Il nous raconte l’histoire de Jérôme Lupien, jeune étudiant brillant voué à un grand avenir, issu d’une famille aimante, qui à la suite de ses mésaventures est plongé dans des scandales qui n’ont rien à envier aux révélations que nous avons entendu à la commission Charbonneau. D’ailleurs, le roman nous permet de reconnaître beaucoup d’acteurs. C’est un roman surréaliste.
Le roman d’Yves Beauchemin est un récit intéressant qui nous fait comprendre le quotidien de gens comme tout le monde qui acceptent de se prêter au jeu de la corruption. On comprend mieux en lisant le roman que nul n’est à l’abri de la corruption de son âme et de son esprit. Il s’agit que des circonstances s’y prêtent et le tour est joué. Dans ce roman, Jérôme Lupien est l’exemple parfait du jeune homme bien qui est aspiré dans une spirale de mésaventures qui le conduisent à poser des gestes que sa conscience ne l’aurait pas amené à faire. On sent bien l’honnêteté de la marionnette Lupien dans le récit que nous livre Beauchemin.
Je suis convaincu que le romancier ne veut aucunement justifier les actes de corruption. Néanmoins, son écriture et sa description de son héros Jérôme peuvent nous aider à comprendre que la corruption est un système qui se nourrit des tourments des âmes. Jérôme Lupien en constitue un bel exemple. Ce roman mérite d’être lu…