« Au fond, on a perdu à cause de l’argent et des votes ethniques »
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Date: 9 novembre 2016Auteur: Daniel Nadeau
Jacques Parizeau 1995
Personne au Québec n’a oublié cette déclaration de l’ex-premier ministre du Québec, Jacques Parizeau, le soir de la cruelle défaite référendaire du camp du Oui en 1995. Si je rappelle cette phrase malheureuse de Jacques Parizeau, qui d’ailleurs ne rend pas justice à son immense contribution au Québec, c’est pour marquer la différence culturelle entre nous et les États-Unis d’Amérique.
Hier, c’était jour d’élection. J’ai écouté les émissions consacrées à cette question sur le réseau CNN une bonne partie de l’après-midi. Ma foi, on ne parle que de segmentation du vote par genre, par sexe, par profession ou par ethnie. Si bien que, si Donald Trump a perdu la course à la présidence hier soir, il aurait pu déclarer ceci : « Au fond, on a perdu à cause des Afro-américains, des latinos, des femmes et des gens scolarisés. » Je suis convaincu que ces arguments feront partie des analyses des commentateurs de cette soirée électorale. Et je suis encore plus convaincu que ces analyses et ces commentaires ne feront pas l’objet d’un scandale dans les médias américains.
Quant à Hillary Clinton, si elle perd la présidence, elle pourrait vraisemblablement déclarer : « Au fond a perdu à cause des gens peu scolarisés et le FBI. » Cela aussi a des chances de se retrouver au cœur de l’analyse des commentateurs de la chose politique si d’aventure Hillary Clinton perd son pari de remporter la présidence et de briser le plafond de verre.
Tout cela pour dire que la culture politique américaine et la culture politique canadienne et québécoise sont à des lieues de distance. Nous sommes vraiment différents et les valeurs des sociétés canadiennes et américaines sont très différentes. Bernie Sanders que l’on jugeait pendant sa course à l’investiture démocrate comme un gauchiste serait jugé chez nous comme un social-démocrate apparenté au NPD.
La culture politique américaine est, sur certains points, rafraichissante. On nomme les choses par leur nom. Un vote latino est un vote ethnique. On voit l’influence déterminante des sciences politiques et du marketing dans la façon de traiter de la politique. Ce qui n’est pas le cas au Québec et au Canada où la politique est plutôt une religion qu’une activité comme les autres. C’est là matière à réflexion…