15 novembre 1976
--
Date: 16 novembre 2016Auteur: Daniel Nadeau
C’était hier. Une date comme une autre, mais qui revêt une grande signification pour le Québec. C’est la date anniversaire de l’élection du gouvernement du Parti québécois de René Lévesque. Je me souviens très bien ce que je faisais le 16 novembre 1976, le lendemain de l’élection du gouvernement de René Lévesque. J’étais étudiant au Collège de Sherbrooke. Ce jour-là, les gens étaient heureux. Aussi heureux que les journalistes de la salle des nouvelles de la Société Radio-Canada qui ont ovationné l’annonce de Bernard Derome le soir de l’élection qui affirmait l’élection d’un gouvernement majoritaire du Parti québécois. C’était la première fois que je votais j’ai gagné mes élections. J’avais voté pour René Lévesque et Parti québécois. Chose qui ne s’est jamais reproduite par la suite en ce qui me concerne.
Le gouvernement de René Lévesque a été l’un des meilleurs gouvernements que le Québec ait connus dans son histoire avec celui de Jean Lesage élu en 1960. D’ailleurs, ceux qui veulent en savoir plus sur ce gouvernement, ses réalisations et les stratégies mises en œuvre peuvent lire à profit le livre que vient de publier Jean-Charles Panneton, chez Septentrion, « Gouvernement Lévesque, De la genèse du PQ au 15 novembre 1976 Tome 1 ».
Je n’ai pas eu le bonheur de le lire encore, mais je le ferais dans un proche avenir et je vous en reparlerai ici ou dans ma chronique d’EstriePlus.
Le 15 novembre 1976, on retrouvait au Québec de l’enthousiasme, de l’espoir et de la confiance envers notre gouvernement. Le Parti québécois avait suscité beaucoup d’espoir. Il représentait l’espoir d’une génération. Il permettait enfin au Québec de prendre sa place au soleil et ses droits seraient enfin reconnus que ce soit par la souveraineté ou par l’association. Ce gouvernement a bien gouverné. Il a protégé les terres agricoles, mis fin au « racket » des assurances en privatisant l’assurance automobile, il a fait une loi pour encadrer le financement des partis politiques et encourager la participation populaire. Il a permis à une bourgeoisie toute québécoise francophone d’émerger notamment par le programme des REA et il s’est beaucoup intéressé à la culture. Son élan a été brisé lors de la défaite référendaire de 1980 et surtout par le coup de force constitutionnel de Pierre-Elliott Trudeau qui a rapatrié la constitution canadienne du Royaume-Uni sans l’approbation de notre assemblée nationale en y incluant une charte des droits et en créant ainsi une société de juges : la société chartiste au détriment d’une société de droit commun et de droits collectifs. Le triomphe de ce libéralisme juridique radical trudeauiste a sonné le glas d’un certain Québec.
Depuis lors, nous n’avons pas retrouvé notre enthousiasme de jadis comme société. Même la tentative de Brian Mulroney de réconcilier le Canada « dans l’honneur et l’enthousiasme » s’est échouée sur les récifs de la mauvaise foi des Anglos orangistes de ce pays avec la complicité d’un membre des Premières nations.
Aujourd’hui, 40 ans plus tard, lorsque l’on regarde le chemin parcouru depuis le 15 novembre 1976, nous pouvons constater que la solidarité d’hier a laissé place à l’individualisme, que le sens de la communauté a cédé la place à la fragmentation et que l’espoir a été remplacé par le cynisme et les théories du complot.
Le Québec est à la dérive. On a perdu notre boussole. Je soumets que c’est le 15 novembre 1976 qui doit être le point de repère pour savoir ce que nous sommes devenus, et pourquoi. Quarante ans c’est long dans une vie, mais c’est très court dans la vie d’une nation. Nous devons retrouver notre sextant et renouer avec notre enthousiasme d’antan…