La rhétorique politique partisane
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Date: 7 décembre 2016Auteur: Daniel Nadeau
La rhétorique est à la fois l’art de la persuasion et l’art de l’éloquence. Des qualités fort prisées par les membres de la classe politique. Au fil des ans, les méthodes et les techniques de l’art de la rhétorique se sont raffinées et aujourd’hui il importe que les effets de rhétorique s’adaptent aux types d’auditoire et de support média.
De nos jours, nous vivons dans une société de spectateurs et dans une société du spectacle. Malgré l’apport des réseaux sociaux, le rôle des acteurs est bien souvent accessoire au discours politique ambiant malgré les apparences. Nous avons plutôt droit à une rhétorique de type épidictique ce qui signifie en termes simples que c’est un discours qui loue ou blâme, le blanc ou le noir. C’est aujourd’hui le discours dominant dans la politique québécoise.
La meilleure preuve de cela est la campagne électorale lors des élections partielles québécoises qui se sont terminées avant-hier par la confirmation du statu quo en matière de représentation des différents partis en présence à l’Assemblée nationale du Québec. Cependant, il faut le noter, avec un sérieux souci quant à la capacité d’attraction du parti libéral du Québec auprès des électeurs francophones. On a pu noter une baisse importante de l’adhésion de l’électorat francophone au parti qui forme le gouvernement libéral de Philippe Couillard.
Le discours et la rhétorique des partis qui cherchent à défaire les libéraux se résument à peu : un gouvernement incompétent, le pire de toute l’histoire du Québec, un gouvernement insensible et sourd aux questions identitaires, un gouvernement à l’éthique élastique et discutable et enfin un gouvernement usé qui ne conserve le pouvoir qu’en raison de la division du vote.
Cette rhétorique qui blâme le gouvernement Couillard fait peu de cas de la réalisation quand même notable de ce dernier quant au retour à l’équilibre budgétaire ni aux quelques bons coups réalisés au cours des deux dernières années. Néanmoins, ce qui compte ce n’est pas tant la vérité que les nuances, mais plutôt les perceptions que les gens ont de ce gouvernement.
Or, je l’ai écrit souvent sur ce blogue, le gouvernement libéral de Philippe Couillard fait souvent preuve d’incompétence crasse en matière de communication. Son message passe mal auprès de l’électorat. Les casseroles qu’il traîne en matière d’éthique et son insensibilité aux questions d’identité ont de fâcheuses conséquences concernant sa popularité et sa capacité à susciter l’adhésion de l’électorat à ses politiques.
Il est vrai que les libéraux tardent à s’adapter aux conditions nouvelles de notre univers politique. Il maîtrise mal les nouvelles façons de communiquer, instrumentalise leurs porte-parole et a aussi un cruel besoin de représentants qui maîtrisent l’Art de la persuasion et de l’éloquence. Outre le premier ministre lui-même et quelques ministres, dont messieurs Coiteux, Leitao et Moreau, on retrouve peu de porte-parole qui sont capables de faire passer le message. En plus de cela, il faut prendre en compte les maladresses à répétition de ce gouvernement en matière de communication gouvernementale et en gestion de crise.
Désavantagé par un manque de talents, aux prises avec des problèmes de perception persistants sur l’éthique du PLQ et défavorisé par un profond désir de changement, le gouvernement de monsieur Couillard entre dans une phase critique de son mandat. Persuader les Québécoises et les Québécois de lui accorder à nouveau leur confiance ne sera pas une mince tâche. Rien n’est impossible, mais il est temps que Philippe Couillard se mette à l’œuvre sinon le temps va lui manquer et il retournera à l’entreprise privée en 2018. Heureusement, il pourra toujours compter sur la faiblesse de ses opposants, mais cela sera-t-il suffisant?