Coupable Sklavounos – dit le tribunal populaire…
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Date: 10 février 2017Auteur: Daniel Nadeau
Dans un billet précédent sur ce blogue, j’écrivais que le premier ministre du Québec et nous devions être préoccupés de l’existence de deux justices, la vraie et celle de l’opinion publique. J’avais alors donné l’exemple de l’affaire Gerry Sklavounos pour illustrer mon propos. Certains amis m’ont fait gentiment remarquer que l’on était en face de la « culture du viol » et que mon propos ne tenait pas compte de cette dimension privilégiant plutôt que l’aspect juridique de la chose. Je m’étais sûrement mal exprimé pour bien me faire comprendre puisque d’aucune façon je n’ai voulu prendre fait et cause pour le député de Laurier-Dorion, Gerry Sklavounos, dans cette affaire. Au lendemain de sa prise de parole en public, il m’est possible aujourd’hui de revenir sur ce cas précis et de vous livrer à ce sujet le fond de ma pensée.
Je suis toujours aussi inquiet qu’il existe deux systèmes de justice au Québec. Le vrai et celui de l’opinion publique. Avec la prolifération des locuteurs, l’impact des réseaux sociaux, personne ne peut vraiment faire le poids face à ce tribunal populaire qui juge sans faits, sans preuve et qui la plupart du temps condamne aussi vite qu’on lynchait les voleurs de chevaux dans l’Ouest américain au 19e siècle. À cet égard, je ne peux que déplorer de toutes mes énergies les déclarations de la députée du comté de Sainte-Marie-Saint-Jacques à Montréal, Manon Massé, qui met en cause nos institutions et le jugement du DPCP.
D’ailleurs, c’est une habitude chez Québec Solidaire de remettre en cause les institutions et l’intégrité de celles et de ceux qui y sont impliqués. Dans le dossier de la refonte de la carte électorale. Le député de Mercier, Amir Khadir, accusait la commission de la représentation électorale d’avoir cédé au chantage et aux pressions politiques. Quel décorum pour un député censé défendre et promouvoir nos institutions. Il est vrai qu’au pays des amis d’Amir les gens aux opinions dissidentes, on les rééduque où on les fait disparaître à tout jamais. (Même procédé rhétorique qu’Amir Khadir, cela donne un propos un peu exagéré, ne trouvez-vous pas?…)
Revenons à Gerry Sklavounos. Sa prestation a été tout sauf convaincante quant à sa réelle prise de conscience. Il ne s’est pas excusé auprès de la jeune Paquet, il n’a pas admis de fait quant au harcèlement potentiel et présumé auprès des jeunes pages de l’Assemblée nationale, il n’a pas dit clairement son regret quant à son comportement de « mononcle » lui préférant les termes d’être chaleureux et même de clown. Il a mis sa femme, innocente sans conteste, en scène sans lui donner la parole. Il a raté son entrée. Il vient par conséquence sonner le glas à sa sortie politique.
Que l’on ne se méprenne pas sur le sens à donner à ce billet, je ne condamne pas le député Skalvounos pour des actions criminelles qu’il aurait posé à l’endroit de la jeune Paquet. Il a été déclaré innocent. Je crois cependant que monsieur Sklavounos a eu un comportement général avec les femmes qui s’apparente à celui de l’abus si l’on en croit les témoignages récoltés par les journalistes sous le couvert de l’anonymat. Il ne peut y avoir de fumée sans feu. Chose certaine, ses collègues féminines au PLQ ainsi que le personnel féminin des cabinets ministériels du gouvernement libéral savent si le député de Laurier-Dorion était un « vieux mononcle » ou pas. Qu’attendent-elles pour l’innocenter ensemble? Si les faits allégués et reprochés à monsieur Sklavounos sont fondés, ça se saurait des autres femmes de son environnement, non ?
En attendant, la prestation donnée par Gerry Skalvounos à la presse a été complètement ratée et moi cela m’a plutôt convaincu qu’il était coupable qu’innocent. Suis-je le seul ?