La liberté de presse
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Date: 28 février 2017Auteur: Daniel Nadeau
Les événements de la semaine dernière aux États-Unis eu égard à la liberté de presse sont des signes inquiétants pour cette puissante démocratie libérale que représente pour nous ce voisin du sud. On se rappellera que la Maison-Blanche a interdit l’accès à des médias ciblés à une séance d’information de la présidence. Parmi ces médias, nous retrouvions, entre autres, le réseau d’information câblé CNN et le quotidien New York Times.
On pourra disserter longuement sur ces événements, pérorer sur la présidence de Donald Trump ou démoniser une fois de plus ce président hors-norme que représente le richissime promoteur immobilier américain. Il faut néanmoins se rappeler une grande vérité. Les États-Unis d’Amérique sont notre voisin et nous n’avons pas droit de cité chez eux. Les citoyens américains sont parfaitement capables de résoudre eux-mêmes leurs contradictions et trouver dans leur rang les ressorts nécessaires pour résoudre ce problème.
Cet événement est par contre une excellente occasion pour nous rappeler qui nous sommes, nous, les Québécois et d’où nous venons? Chez nous aussi, la démocratie que l’on néglige trop souvent par notre indifférence ou par notre cynisme a été un long combat. Qu’il suffise de rappeler le destin extraordinaire de Pierre du Calvet.
Né en 1735 en Guyenne, ce Français a émigré en Nouvelle-France en 1758. Pierre du Calvet mérite que l’on se souvienne de lui surtout pour avoir rédigé le pamphlet : Appel à la justice de l’État. Cet ouvrage de Pierre du Calvet a été republié en 2002 chez les éditions du Septentrion par l’historien Jean-Pierre Boyer.
Voici ce qu’en dit Dave Anctil dans l’édition d’avril 2003 de la revue Action Nationale et que son éditeur a reproduit sur la jaquette de ce livre: « Libre penseur, patriote et démocrate, Pierre du Calvet (1735-1786) fut un formidable pamphlétaire à dénoncer l’arbitraire des autorités coloniales et à revendiquer l’instauration des libertés fondamentales, des droits constitutionnels et de la démocratie parlementaire au Québec.
Arrivé en Amérique en 1758, cet immigrant huguenot, devenu négociant prospère et nommé juge de paix dans le district de Montréal, osera non seulement dénoncer le despotisme des autorités coloniales, mais aussi proposer des réformes démocratiques essentielles au développement de sa patrie d’adoption. Habité par l’esprit des Lumières, ce combattant des libertés passera près de trois ans en prison, sans connaître les motifs de sa détention et sans subir le procès qu’il ne cessait pourtant de réclamer. Libéré en 1783, du Calvet décide de porter sa cause en Angleterre en réunissant ses écrits de prison dans deux ouvrages, The Case of Peter du Calvet et Appel à la justice de l’État, qui suscitèrent de vifs débats tant en Angleterre et en Europe qu’au Canada.
Son Appel à la justice de l’État, publié intégralement ici pour la première fois depuis sa parution à Londres en 1784, constitue le premier manifeste de nos libertés démocratiques et contribua à l’avènement de l’Acte constitutionnel de 1791, octroyant une Chambre d’Assemblée élective à travers laquelle nos premiers représentants amorcèrent l’expérience démocratique dans la vallée du Saint-Laurent.
En publiant cette biographie de Pierre du Calvet et son Appel à la justice de l’État, de même que vingt-deux lettres inédites du prisonnier à ses geôliers, l’auteur et l’éditeur du Septentrion ont voulu rendre hommage à celui qui eut le courage de pourfendre la corruption politique de son temps et de réclamer l’application des droits démocratiques dans la province de Québec. »
Au temps où la liberté de presse est menacée dans la grande puissance américaine, l’un des phares de la démocratie libérale au 20e siècle, il est bon de se souvenir que chez nous au Québec des hommes comme Pierre du Calvet ont combattu les puissances coloniales pour faire advenir chez nous les libertés que nous devons chérir et préserver. Pierre du Calvet, un nom à retenir de notre riche héritage.