Le désamour et les relations publiques

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Date: 29 mars 2017
Auteur: Daniel Nadeau

Hier, c’était jour de budget à Québec. Le ministre des Finances, Carlos Leitão comme prévu a livré un discours où les mots réinvestissement, abolition de taxes et baisse d’impôts étaient d’actualité. Les avancées sont modestes, mais le résultat c’est que le paquebot libéral nous a fait quitter les rivages du pays de l’Austérie pour nous ramener dans les vallées verdoyantes du Québec.

Après un régime d’austérité que plusieurs ont jugé brutal pour les plus démunis de la société québécoise, nous en sommes à la joie retrouvée des surplus qui débordent nos coffres et qui nous permettent de nous occuper à nouveau de nos enfants, de nos aînés et de nos malades. Loin de s’en cacher, le gouvernement assume pleinement ses décisions d’avoir plongé le Québec dans l’austérité. Le ministre Leitão à la question d’un journaliste hier sur le prix qu’il a fallu payer pour retrouver le chemin des surplus a dit assumer pleinement et entièrement le chemin de la rigueur budgétaire nécessaire et imposée de Québec.

Des journalistes, cyniques ou réalistes, ne cessent de répéter que c’est une tactique éprouvée des politiciens que de gouverner en réservant ses mauvaises nouvelles et ses mauvaises actions aux deux premières années de son mandat et d’offrir aux électeurs des bonbons électoraux à l’approche des élections. Cela n’est pas faux, mais il faut une bonne dose de cynisme pour n’y voir que cela dans les présentes actions de ce gouvernement.

Il y a d’abord les idées reçues sur l’économie qui sont véhiculées par la classe politique dans son entier à propos d’économie et de lois économiques. J’évoque cela ce matin dans ma chronique que j’écris chaque semaine dans EstriePlus qui qui s’intitule Idées reçues.

Il y a aussi la financiarisation du capitalisme contemporain qui donne un poids démesuré à ces banquiers qui, du bout de leurs doigts, peuvent juger un gouvernement en lui attribuant une cote de crédit bonne ou moins bonne. Ce jugement porté sur la gestion du gouvernement ne sera pas sans effet sur sa capacité d’agir et sur la cohésion sociale et économique de la société d’où il est issu. Ces banquiers qui, rappelons-le, furent ceux qui par leurs pratiques ont plongé les économies occidentales dans la crise financière en 2007 et 2008. Crise financière qui a jeté de nombreuses familles à la rue et plongé plein de gens dans la misère. Ces banquiers terrorisent nos gouvernants et les poussent à agir dans la direction qu’ils nous indiquent. Pour le Québec, cela a signifié d’entrer dans l’austérité.

Enfin, le désamour vécu par les leaders d’opinion et la population du Québec envers le gouvernement Couillard est flagrant. Quoi que ce gouvernement fasse, il ne réussit pas à obtenir l’estime et l’affection de celles et de ceux qu’il représente. C’est à la fois triste et prévisible de la part des personnes qui ont vécu le calvaire dans le voyage auquel nous avons été obligés de participer en Austérie. Aujourd’hui, honnêteté oblige, il faut dire que ce gouvernement a déposé un budget qui va dans la direction souhaitée par une majorité de la population du Québec. Le gouvernement Couillard, je l’ai écrit hier sur ce blogue, a mené une habile opération de relations publiques prébudgétaires, mais cela n’est pas suffisant il me semble pour faire oublier le désamour d’une grande partie de la population à l’endroit de ce gouvernement. Parfois, même les relations publiques ne réussissent pas à faire triompher l’amour…

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