L’éloquence du consultant
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Date: 8 mai 2017Auteur: Daniel Nadeau
Notre époque est souvent triste. Ne trouvez-vous pas? Il semble que les gens perdent de plus en plus le sens des convenances. Il est indéniable que de nos jours, on se permet des libertés que l’on a peine à imaginer dans un passé plus ou moins lointain. Est-ce une impression ou seulement un manque d’éthique généralisée?
Je veux commenter ici les déclarations inappropriées sur les ondes d’une radio locale du consultant de la Ville de Sherbrooke, retenu dans le dossier de l’aéroport au sujet de déclarations d’élus municipaux. Sans être de la vieille école, je suis d’avis qu’un consultant retenu par un client n’a pas le droit de commenter publiquement les actions de ses employeurs sans avoir au préalable obtenu leur autorisation. Le conseiller Jean-François Rouleau n’a pas manqué de relever le fait et a exigé la rupture du contrat avec cette firme. Sans omettre le fait que monsieur Rouleau était déjà contre ce contrat et plus largement de dépenses pour un aéroport à Sherbrooke, il a tout de même rigoureusement raison sur le fond des choses. Un consultant ne doit pas commenter publiquement un dossier pour lequel il est rétribué par un client sans obtenir son autorisation expresse. Enfreindre ce principe élémentaire justifierait à mes yeux la fin d’un contrat. C’est carrément inacceptable qu’un consultant privé s’aventure à sermonner publiquement son client. Dans le cas qui nous occupe, le client est le conseil municipal de la Ville de Sherbrooke.
Je suis bien placé pour savoir une telle chose. Il y a quelques années, ma firme a fait l’objet d’attaques injustifiées de la part de citoyens et de conseillers. J’avais refusé à l’époque tout entrevue avec les médias pour défendre mon entreprise, car de mon point de vue je ne pouvais aller sur le terrain politique même si les attaques étaient injustes et que j’ai dû en vivre les conséquences. Pourtant, j’ai conservé le silence. Un silence respectueux de mes clients de l’époque. Vous savez quoi, j’ai conservé les clients que j’ai voulu. Tout ce que j’ai alors fait c’est de rétablir les faits, factures et feuilles de temps à l’appui, auprès des membres du conseil municipal et non pas auprès des médias d’information.
Je suis étonné du peu de conséquences que devra subir le consultant visé par le conseil municipal. À mon sens, ce dernier a fait la preuve qu’il était incapable de respecter un principe fondamental dans la relation client-consultant. Si le conseil municipal ne réagit pas fortement à cet état de choses, c’est l’essence même de son action qui sera mise en question. C’est malheureux, mais le consultant visé s’est disqualifié et ne peut plus servir les contribuables de la ville de Sherbrooke. Ce n’est pas tous les jours que je suis d’accord avec monsieur Rouleau, mais aujourd’hui c’est l’un de ces jours. Parfois, l’éloquence d’un consultant n’est pas dans l’intérêt de son client. C’est manifestement le cas dans ce dossier.
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