Act of God : le Québec à l’eau
--
Date: 11 mai 2017Auteur: Daniel Nadeau
C’est un piètre euphémisme que d’affirmer que le Québec est à l’eau par les temps qui courent. Heureusement, coup de chance, la région de l’Estrie et sa capitale, la ville-reine Sherbrooke, sont épargnées de ces inondations monstres qui viennent gâcher la vie de milliers de Québécois. Nos pensées les plus empathiques les accompagnent. Si nous en croyons les experts, il faudra attendre la fin du mois de mai avant que les eaux se retirent complètement des terres même s’il y avait une décrue à partir d’aujourd’hui.
Après la catastrophe de la gestion de la tempête de neige des 14 et 15 mars derniers, le gouvernement du Québec a offert une performance sans tache cette fois. Le premier ministre Couillard et son équipe de ministres notamment le ministre de la Sécurité publique, Martin Coiteux, ont agi avec célérité et efficacité face à ses inondations jamais vues au Québec depuis au moins 1974. L’ampleur des inondations actuelles rappelle jusqu’à un certain point les inondations au Saguenay-Lac-Saint-Jean et l’image de la petite maison blanche qui flottait sur les flots. Cette inondation subite a marqué à tout jamais l’esprit des Québécois.
Derrière toute gestion de catastrophe, il y aura bien sûr l’heure des bilans et des leçons à tirer qui ne tarderont pas à s’imposer à nous. Déjà, les experts nous racontent que ce cataclysme naturel n’a rien ou peu à avoir avec les changements climatiques. C’est plutôt un concours de circonstances fortuites qui sont à la source de la colère de nos rivières, du fleuve et de l’océan. Une configuration climatique bien peu courante qui conduit à ce désastre impossible à prévoir.
Déjà, des voix se font entendre questionnant si l’on a fait appel à l’armée au bon moment, si les autorités n’auraient pas dû prévoir et avertir les populations bien avant et de nombreuses autres questions aussi pertinentes que celles concernant notre insouciance partagée eu égard à ce que nos assurances couvrent ou non et à notre choix collectif de nos lieux d’urbanisation près des lacs et des rivières permises dans le lotissement de nos villes et villages.
Les médias d’information couvrent l’événement avec l’inflation coutumière typique à celles et à ceux qui recherchent le sensationnel et les effets spectaculaires. De façon générale, les médias s’acquittent bien de leurs responsabilités même si l’on sent de façon très perceptible ce besoin de sensations typiques de la couverture médiatique contemporaine.
À titre d’illustration, lorsque les médias mettent en scène des citoyennes et des citoyens épuisés et en colère. Des citoyens qui enguirlandent les élus et les responsables de la sécurité civile, ils traitent bien d’informations existantes, mais font-ils preuve de responsabilités eu égard à notre meilleur vivre-ensemble? S’il est vrai que ces citoyens sont en colère, se peut-il que leur colère soit mal avisée et que tous fassent le maximum pour amoindrir les conséquences de cette situation catastrophique? Il est certain que chaque personne, je serais parmi elles si cela m’arrivait, veut que l’on vienne à son aide à elle, à sa maison et à ses biens. Mais en ce domaine aussi il y a l’intérêt général. Il faut sauver les biens collectifs avant les biens individuels. C’est triste, mais c’est ainsi.
Espérons que les programmes d’aide qui seront annoncés sauront aider ces Québécoises et ces Québécois durement éprouvés. Néanmoins, on peut dire avec satisfaction que le Québec et les villes et les municipalités font face avec compétence à ces inondations et que malheureusement nous ne pouvons en faire disparaître les conséquences. C’est comme c’est écrit dans nos polices d’assurance, un Act of God!