La rentrée du gouvernement des bons docteurs
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Date: 15 février 2018Auteur: Daniel Nadeau
Pour le gouvernement libéral de Philippe Couillard, les rentrées parlementaires se suivent et se ressemblent. Dans la dernière ligne droite menant aux élections générales, le gouvernement de Philippe Couillard se devait de faire une rentrée parlementaire qui pouvait chasser les mauvaises nouvelles issues du gouvernement afin de faire place au nouveau gouvernement amélioré s’il veut reprendre la première place dans la tête et le cœur des Québécois en vue de la prochaine élection générale à l’automne.
Tout au long du mois de janvier, les millions n’ont cessé de pleuvoir sous nos têtes. Après la rigueur budgétaire nécessaire, voilà le temps du réinvestissement venu. C’est ce que nous répète le gouvernement de monsieur Couillard. Les opérations charmes de relations publiques se sont multipliées, mais rien n’est jamais comme on l’avait prévu. La rentrée parlementaire du gouvernement libéral a été assombrie par la sortie de la jeune femme infirmière de Sherbrooke, Émilie Ricard, qui a remis au centre des préoccupations des Québécoises et des Québécois les effets des coupes budgétaires dans le réseau de la santé et l’épuisement des infirmières et leurs mauvaises conditions de travail. Le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, a même dû remodeler son discours devant le succès du lobby et de l’efficacité de la stratégie de relations publiques de la Fédération des infirmières. Il est clair que le combat est inégal et que le courant de sympathie est allé du côté des infirmières.
Les partis d’opposition avaient à peine commencé à récolter les dividendes de ce nouveau front que le gouvernement libéral vient leur servir sur un plateau d’argent une nouvelle cause de croisade efficace contre les politiques du gouvernement libéral. Cette nouvelle cause est bien entendu la question de l’entente avec les médecins spécialistes qui viennent une fois de plus passer à la caisse pour plus d’un milliard de dollars. L’image d’un gouvernement qui n’a d’oreilles que pour les docteurs s’incruste plus que jamais. Le milliard aux médecins spécialistes s’ajoute au demi-milliard donné plutôt aux médecins généralistes.
Le gouvernement libéral de Philippe Couillard en a plein les bras. Non seulement les conséquences de sa rigueur budgétaire se traduisent dans l’esprit de la population par un réseau de la santé qui ne fonctionne pas bien, mais en plus on a la désagréable impression que de l’argent il y en a toujours pour les médecins même s’ils sont déjà bien payés, plus en tout cas que la majorité de celles et de ceux qui paient leurs salaires sous forme d’impôts et de taxes.
Une autre rentrée parlementaire ratée pour le gouvernement des bons docteurs. On avait l’habitude de décrire la démocratie américaine comme le complexe militaro-industriel. Au Québec, nous avons notre complexe médico-politique. L’oligarchie médicalo-politique aura bien du mal à reconquérir les votes des Québécoises et des Québécois…