Les grandes figures oubliées de l’espace public québécois et canadien
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Date: 15 mai 2018Auteur: Daniel Nadeau
Léo-Rhéal Bertrand ou Tuxedo Kid
Dans l’histoire du Québec, on croise toute sorte de personnages. Dans ces billets consacrés aux oubliés de notre espace public et de nos mémoires, j’ai relaté le destin de pirates, d’intellectuels, d’hommes politiques, de révolutionnaires, d’artistes. C’est la première fois que j’évoque un criminel qui ne figure dans nos mémoires que parce que c’est un criminel notoire. On doit à Raymond Ouimet un récit sur la vie de cet homme, Léo-Rhéal Bertrand : « Voleur de moutons, coureur de jupons, avorteur amateur, voleur de banque, Léo-Rhéal Bertrand est un homme peu fréquentable. »
Léo-Rhéal Bertand a marqué l’imaginaire du public de son époque. Originaire de Saint-Polycarpe, il est soupçonné du meurtre de sa première femme, il évite finalement l’échafaud, mais lorsque sa deuxième conjointe passe de vie à trépas, là, il ne peut esquiver son rendez-vous ultime avec le bourreau et il est pendu.
Homme à femmes, beau bonhomme, reconnu pour son smoking noir, sa chemise blanche et son nœud papillon, ce sont les journalistes anglophones qui le surnommèrent Tuxedo Kid. « Après son mariage avec Rose-Anna Asselin, il est allé s’installer à Ottawa avec sa femme qui elle, venait de Sainte-Justine de Newton où elle travaillait comme téléphoniste. Elle savait pertinemment bien qu’il n’était pas un saint », relate Raymond Ouimet d’entrée de jeu. Évidemment, il est retourné souvent à Saint-Polycarpe sur le rang Sainte-Marie pour visiter sa famille, lui qui était le benjamin d’une famille de 11 enfants. La famille de Tuxedo Kid a été entachée par les gestes du dernier de la famille. « C’était une belle famille, une famille honorable, et Léo-Rhéal en était le mouton noir, si l’on peut dire », mentionne l’auteur.
« Mouton noir en effet. Car, outre les deux événements avec ses deux épouses, il a été condamné à 15 ans de prison et incarcéré avec un complice à la prison de Kingston en Ontario pour le braquage d’une banque. Il passera finalement 12 ans en prison.
Plus d’une quinzaine d’années plus tard, au début des années 1950, Bertrand se remaria à Rosa Trépanier. Il était alors âgé de 39 ans alors que celle-ci en avait 55. “Établie dans la capitale fédérale depuis son mariage, elle possédait des biens évalués aux environs de 35 000 $, ce qui n’est pas peu quand on sait qu’une maison se vend alors dans les 5 000 $. Ses propriétés lui rapportent près de 3 000 $ annuels brut” de décrire Raymond Ouimet.
Le 10 novembre 1951, Rosa perdit la vie dans l’incendie d’un chalet de chasse situé au lac Sainte-Marie, à une soixantaine de milles au nord de Hull, en Outaouais. Il n’en fallait pas plus pour que les enquêteurs soupçonnent que Léo-Rhéal Bertrand ait mis le feu pour encaisser l’héritage. Du corps de Rosa, on ne retrouva que des fragments d’os et des cendres.
Au procès du meurtre de sa deuxième femme, il a trébuché à plusieurs reprises. “Le Tuxedo Kid a fait plusieurs erreurs au cours du procès et là, il ne pouvait s’en sortir”, de rappeler Raymond Ouimet. Reconnu coupable du meurtre de sa deuxième femme en 1951, il est pendu à la prison de Bordeaux en 1953. »
L’ouvrage de Raymond Ouimet Tuxedo Kid : La beauté du diable édité chez Septentrion est un véritable roman qui se lit comme un thriller policier. C’est un criminel qui n’a rien à son épreuve. Il faut être reconnaissant à Raymond Ouimet de nous avoir mieux fait connaître ce personnage singulier de l’histoire du Québec.