La rentrée ratée d’Alexandre Taillefer en politique
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Date: 17 mai 2018Auteur: Daniel Nadeau
Trop souventes fois, on critique les spécialistes de relations publiques les accusant d’être des manipulateurs de l’opinion publique ou pire encore des chantres de l’emprise des élites sur la population. Ce métier est largement discrédité à gauche. Cela est incontestable.
Chose certaine, le richissime homme d’affaires montréalais aurait eu avantage de faire appel à un professionnel de ce milieu la semaine dernière pour l’aider à gérer sa rentrée en politique. C’est quand même incroyable qu’un parti politique aussi aguerri que le Parti libéral du Québec puisse laisser place à un tel laisser-aller lorsque depuis plusieurs semaines, il joue l’une de ses meilleures cartouches en matière d’images.
Nous savons tous, que l’on aime ou pas, que la Politique avec un grand P est souvent plus une affaire de perception que de réalité. Tout se fonde sur les perceptions. Or, les perceptions actuelles à l’endroit du gouvernement libéral sortant de Philippe Couillard c’est qu’il est un gouvernement usé par quinze années ou presque d’exercice de pouvoir quasi ininterrompu. Un gouvernement qui a bien fait en matière économique, mais au prix de sacrifices sans nom pour la population dans la foulée de la mise en œuvre d’une politique d’austérité qui a touché en plein cœur de nombreux services à la population notamment dans le domaine de l’éducation et de la santé. Un gouvernement enfin de fin de régime que ses propres troupes quittent dans un véritable « tsunami de départs ». On ne peut s’empêcher d’avoir en tête l’expression : « les rats qui quittent le navire ».
Dans un tel contexte, l’arrivée d’une personnalité forte comme celle d’Alexandre Taillefer aurait pu être le début de quelque chose pour modifier les perceptions ambiantes de la population envers ce gouvernement. Au lieu de cela, on a appris cette nouvelle au profit d’une fuite, calculée ou non l’histoire ne le dit pas, et monsieur Taillefer a dû se « dépatouiller » dans des eaux troubles de ses adhésions à des partis multiples et à des motivations pas toujours nettes. Monsieur Taillefer aurait dû refuser de répondre aux questions sur ce sujet alors qu’il était à un événement pour parler d’énergie et donner rendez-vous aux mêmes journalistes à une date et une heure prévue à cette fin. Une sourde a le droit de ne pas répondre immédiatement aux requêtes des médias. Le « pas de commentaires » est légitime en certaines circonstances. Au lieu de cela, Alexandre Taillefer s’est enferré dans des explications et des propos parfois loin de la vérité.
On dit souvent que l’on n’a pas beaucoup de chance de faire bonne impression une deuxième fois. C’est ce que monsieur Taillefer a eu droit plutôt cette semaine. Si l’exercice a été beaucoup mieux réussi cette fois, de nombreuses questions demeurent encore sans réponses. C’est un fait unique qu’un président de campagne électorale soit ainsi mis de l’avant par un parti politique. Daniel Johnson, qui avait joué ce rôle auprès de monsieur Couillard en 2014, n’avait pas eu droit à tant de fla-fla. Pourquoi cela? Quel rôle jouera Alexandre Taillefer dans cette campagne alors qu’il refuse de se porter candidat?
Tout cela sent l’improvisation et le désespoir chez les libéraux. L’arrivée de monsieur Taillefer avec le PLQ ressemble ainsi à une balle perdue et l’effet voulu aura été gâché par une improvisation en matière de relations publiques. Sans compter que désormais, Alexandre Taillefer étant un joueur sur le terrain, des questions ne manqueront pas de surgir par rapport à son aura de succès en affaires comme l’indique le reportage d’hier du Journal de Montréal sur la grogne dans Théo Taxi. Bienvenue en politique monsieur Taillefer!