Le G6+1 : crise = opportunité
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Date: 8 juin 2018Auteur: Daniel Nadeau
La visite est arrivée à La Malbaie. La région de Charlevoix, l’une des plus belles régions du Québec, a revêtu ses plus beaux atours pour recevoir les leaders des grandes démocraties occidentales. Le plaisir n’est cependant pas partagé. Notre voisin du Sud, le président américain Donald Trump, vient nous visiter, semble-t-il, à reculons. Il n’est pas chaud à l’idée de se faire semoncer pour ses politiques protectionnistes contre ses principaux alliés, dont le Canada, la France et la Grande-Bretagne.
Dans sa volonté de faire plaisir à sa base électorale qui aime bien l’idée de l’Amérique d’abord, le président Trump multiplie les actes belliqueux en matière de relations commerciales. Nous sommes bien placés au Canada pour le comprendre quand on se remémore les actions de l’administration Trump dans les dossiers du bois d’œuvre, de la CSeries, de l’aluminium et de l’acier. Donald Trump ne cesse de critiquer la politique de gestion de l’offre en vigueur au Canada dans le domaine de l’agriculture. Outre ces questions commerciales, il y a aussi les politiques douteuses de Trump contre l’immigration, celles concernant les changements climatiques et le dossier iranien. Les États-Unis s’isolent de plus en plus du monde. L’ordre international que ce pays a largement contribué à construire risque de s’effondrer pour en être remplacé par un nouveau.
Ce nouvel ordre international si nous devons l’imaginer devrait entendre les clameurs de la rue qui souhaitent que nos grandes économies et nos grandes démocraties fassent une meilleure place dans leurs préoccupations. Ces dernières concernent la lutte contre les évasions fiscales, l’hégémonie du 1 % sur nos sociétés, la plus grande place à faire aux femmes, l’importance à accorder la justice sociale et surtout le monde nouveau souhaité qui sera plus respectueux de l’équilibre de notre planète. Le travail pour créer un nouvel ordre international ne sera pas facile, mais l’isolement et le retrait des États-Unis d’Amérique sont des occasions privilégiées pour penser le monde autrement. Nos chefs politiques occidentaux seront-ils aptes à saisir l’occasion que nous offre le triste spectacle du déclin et de la chute de l’empire américain, accéléré par le pyromane Trump?
Comme le disent les Chinois, crise est aussi synonyme d’opportunité. Nous avons donc une occasion favorable pour nous donner un nouvel ordre international plus juste, plus humain, plus vert et plus respectueux de la diversité des peuples qui habitent cette planète. Serons-nous opportunistes?
C’est aussi un bon moment pour remplacer la formule des G7 et de penser élargir ces grands rassemblements à des pays comme le Brésil, le Mexique, l’Inde et la Chine. La Chine une excellente candidate pour remplacer dans nos vies notre voisin du Sud qui semble vouloir s’isoler des autres et se replier sur lui-même. À suivre…