Sondages, opinion publique et élections
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Date: 12 septembre 2018Auteur: Daniel Nadeau
Dans ces billets quotidiens qui vous parlent de politique, nous prenons bien soin de ne pas donner dans le discours partisan. L’auteur de ces lignes comme vous a des opinions politiques, mais il juge que ce n’est pas de bon ton pour un blogue d’entreprise comme celui-ci d’avoir des opinions tranchées ou qui prennent ouvertement parti pour une formation ou une autre dans le cadre d’une campagne électorale.
D’ailleurs, dans une chronique écrite par le même auteur dans un autre registre dans le journal EstriePlus, la chronique de ce matin intitulée : Le grand bazar électoral, le texte proposé cherche à élever le débat et à expliquer l’impact de deux phénomènes qui frappent de plein fouet l’exercice de notre vie démocratique soit la civilisation du spectacle et l’emprise du marketing sur la vie politique contemporaine. Je vous invite à aller lire ce texte si cela vous intéresse.
Aujourd’hui, je veux commenter les derniers sondages publiés hier dans Le Devoir qui donnent encore la Coalition avenir Québec gagnante, mais aussi qui montre une remontée légère du Parti québécois. Le Parti libéral du Québec stagne au même endroit qu’au début de campagne et il est aux prises avec un taux d’insatisfaction élevé à l’égard du gouvernement qu’il a formé depuis 2014. Québec solidaire demeure une force latente surtout à Montréal et dans les milieux urbains. Ce qu’il faut retenir c’est que rien n’est joué encore dans cette élection. Une remontée de trois ou quatre points supplémentaires de Jean-François Lisée et de son parti pourrait transformer la possibilité actuelle d’un gouvernement majoritaire de la CAQ de François Legault en un gouvernement minoritaire ou pire encore à un gouvernement minoritaire libéral. Cela est d’autant plus possible qu’un Québécois sur deux mentionne que son opinion n’est pas encore définitive.
Ce qui vient une fois de plus accréditer la thèse que les sondages sont des outils essentiels pour tous dans une campagne électorale. Voici ce qu’en dit l’auteur René Gélinas dans un livre qu’il vient de publier aux éditions Robert Laffont, livre intitulé : Sondages. Outils de la démocratie ou opinion de la réalité? : « Les sondages sont importants. Importants pour les médias, pour les politiciens, pour les sondeurs et aussi pour les citoyens. Lorsqu’un sondage dévoile les intentions de vote, tout le monde y gagne. Pour les médias, le chiffre est roi. Il est noble, franc, réconfortant; il se vend bien. Pour les politiciens, il est une boussole. Il positionne, oriente et mobilise. Pour les sondeurs, le chiffre est d’affaires. L’industrie du sondage bénéficie grandement de l’appétit des médias en données et analyses, surtout pendant les campagnes électorales. Il ne s’agit pas d’un bénéfice monétaire immédiat, mais plutôt à long terme, découlant d’une notoriété accrue et d’une réputation de fiabilité que les sondages électoraux permettent d’établir et d’étaler devant un large auditoire. » (Page quatro de couverture, René Gélinas, Sondages. Outils de la démocratie ou opinion de la réalité, Montréal, Robert Laffont, 2018 179 p.)
Au fond, les sondages sont des outils utiles pour légitimer l’action de la classe politique et de solides arguments auprès des médias pour leur donner des idées sur les couvertures de chaque parti dans les campagnes. Comme le mentionne Gélinas, « Les sondages sont aussi un outil de la démocratie. Ils sont une sorte de mécanisme de rétroaction légitime qui, à la fois, mesure l’opinion publique et la façonne. » (Loc. cit.)On sera habituellement plus exigeant avec les meneurs qu’avec les figurants. Pour cela, ne gagez pas tous vos avoirs sur la véracité des affirmations des politiciens en campagne qui disent ne pas de préoccuper des sondages. C’est le plus gros mensonge d’entre tous.