Bonne route, monsieur le premier ministre Couillard

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Date: 5 octobre 2018
Auteur: Daniel Nadeau

Hier matin, le premier ministre libéral sortant, Philippe Couillard, a annoncé sa démission à titre de chef du Parti libéral du Québec et de député de Roberval. C’était prévisible. Philippe Couillard a fait une sortie remarquable et digne et il mérite notre respect.

Le premier ministre sortant a répété son bilan qui est loin d’être mauvais. Il est vrai que sous le leadership de Philippe Couillard, et avec l’aide de son ministre des finances Carlos Leitão, le Québec a retrouvé une marge de manœuvre importante dans son budget et que la rigueur budgétaire a fait en sorte qu’aujourd’hui c’est plus d’un milliard de dollars par année qui peuvent être utilisés dans les services à la population plutôt que d’être versés en intérêts à nos créanciers.

Il est dommage que jamais monsieur Couillard n’ait accepté de reconnaître qu’il y a eu des victimes de cette liberté financière retrouvée. Des victimes parmi les enfants avec des problèmes d’apprentissage, des aînés dans les CHSLD et des employés de l’État comme les infirmières.

Il faut aussi reconnaître que la performance du Québec en matière de création d’emplois est à souligner même si ce ne sont pas les gouvernements qui créent les emplois, mais les entreprises. N’empêche que l’on peut accorder au gouvernement libéral sortant, dirigé par monsieur Couillard, le fait qu’il a contribué à créer un contexte favorable au développement économique.

Par ailleurs, le dernier mandat du premier ministre Couillard a été marqué par un gouvernement qui a tenu ses promesses : « Après quatre ans de pouvoir, le gouvernement libéral de Philippe Couillard a tenu plus de promesses que tous les gouvernements québécois des 25 dernières années… La performance économique et fiscale du gouvernement de Philippe Couillard se compare très favorablement à celle de ses prédécesseurs… la politique budgétaire du gouvernement Couillard a contribué à la croissance économique à long terme. Un bémol concerne les répercussions des compressions en éducation… Pierre Fortin critique également les effets négatifs déstabilisants du “stop and go” sur la croissance du PIB de l’économie par la politique budgétaire malgré l’amélioration générale des conditions économiques. » (François Petry et Lisa Birch, dir. Bilan du gouvernement de Philippe Couillard. 158 promesses et un mandat contrasté, [Centre d’analyse des politiques publiques], Québec, Presses de l’Université Laval, 2018, p. 309.)

De manière générale, Philippe Couillard a été un premier ministre digne et qui s’est toujours porté à la défense des droits des minorités. Il était profondément libéral au sens classique du terme. Néanmoins, cet attachement profond aux valeurs du libéralisme classique l’a empêché de tirer les conclusions appropriées quant à la reconnaissance des droits des membres de la nation québécoise.

C’est courant que les adeptes du libéralisme classique soient incapables de prendre la mesure du nationalisme et de ses manifestations concrètes dans la vie des gens. C’est ce que Fernand Dumont appelait la rencontre des particularismes avec l’universel. Pour qu’il existe un idéal type d’humain de droits, il doit s’incarner dans un territoire et dans une culture donnée. Monsieur Couillard n’a jamais connecté avec cette réalité. C’est largement cette incapacité à reconnaître les droits des francophones et leur insécurité qui explique selon moi la rupture du Parti libéral du Québec avec le Québec des régions. En ce sens, Philippe Couillard n’aura pas été le successeur de Robert Bourassa, de Jean Lesage et même de Jean Charest. Il aura été un nouveau type de leader qui s’inscrit dans une mouvance d’un libéralisme classique. Cela se situe dans la foulée de l’héritage de Pierre Elliott Trudeau plutôt que de la culture politique québécoise.

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