Le mal canadien
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Date: 19 février 2019Auteur: Daniel Nadeau
Ce n’est pas facile tous les jours d’être un Canadien quand nous sommes de fiers nationalistes québécois. À preuve, un dossier politique vient enflammer les passions. Le dossier SNC-Lavalin ne fait pas que des dommages à la crédibilité du gouvernement Trudeau, mais il vient aussi réveiller les pires passions entre les deux solitudes. Il s’agit de lire la presse anglophone du pays où le Quebec bashing a une place de choix sur les commentaires à l’endroit du Québec.
Le paradoxe de cette « crise politique toute canadienne » c’est que le premier ministre libéral Justin Trudeau est accusé de favoritisme envers le Québec corrompu. Le même Justin Trudeau qui refuse de reconnaître les droits nationaux du Québec. Par ailleurs, cette crise politique met à mal les relations entre les blancs colonisateurs et les nations autochtones du pays. La ministre de la Justice déchue, Jody Wilson-Raybould, représentait pour le gouvernement Trudeau le symbole de la réconciliation entre les Amérindiens et le peuple canadien. Il faut admettre qu’aucun gouvernement n’a mis autant d’efforts pour « réparer » les relations entre le Canada et les nations autochtones. Encore une fois, l’histoire le notera, le Québec fait obstacle à cette volonté canadienne de se réconcilier avec les nations autochtones.
Le Québec. La nation québécoise. Cette nation distincte qui n’en finit plus de faire vivre des émotions troubles chez nos compatriotes canadiens. Ce Québec, éternel adolescent rebelle, qui est corrompu jusqu’à la moelle. Ce Québec qui refuse de laisser passer sur son territoire le gazoduc des énergies sales de l’Alberta. Quel mépris avons-nous (nous Québécois) envers ce grand pays qui nous a fait découvrir la démocratie, qui nous a donné accès aux droits et libertés si chères à la culture canadienne ? Ce Canada qui nous a fait découvrir la richesse des autres grâce au multiculturalisme. Vraiment, la coupe est pleine. Le fédéraliste que je suis est sur le bord de démissionner de son rôle de grand Canadien.
Tout cela pour cela. Une compagnie qui s’est rendue coupable de corruption d’agents étrangers, un gouvernement qui souhaite ne pas pénaliser les employés et conserver des emplois stratégiques, voilà assez d’éléments pour créer une crise politique majeure. Le diable est aux vaches. Le premier ministre n’en finit plus de se justifier quotidiennement. Le Globe and Mail se frotte les mains. Le Canada anglais déverse sa hargne sur le Québec. Où sont ces Canadiens qui sont venus nous dire qu’ils nous aimaient en 1995 ?
Chose certaine, celles et ceux qui croient que l’idée de la souveraineté du Québec est morte et enterrée font fausse route. Ils errent. À preuve, un fédéraliste à tout crin comme moi se demande certain jour s’il ne faudrait pas la faire cette foutue indépendance et laisser les orangistes avec leurs préjugés. Nous méritons mieux au Québec que cette haine de ce que nous sommes…