Les fausses nouvelles
--
Date: 6 mars 2019Auteur: Daniel Nadeau
Depuis l’élection du président américain, Donald Trump, le concept de fausses nouvelles ou son expression anglaise fake news est devenu omniprésent dans nos débats en société. Ces dernières semaines, une dépêche rapportait que le débat québécois sur la Loi 9 subissait des attaques de robots sur le Web où il se propageait des fausses nouvelles pour venir envenimer le débat. De sérieux soupçons pèsent sur l’organisation électorale de Donald Trump pour avoir été complice de ce genre de procédé dans sa campagne contre Hillary Clinton. Des voix se font entendre parce que l’on craint que les fausses nouvelles deviennent un enjeu cet automne, lors de la prochaine campagne électorale fédérale au Canada. Les fausses nouvelles sont un objet de préoccupations pour quiconque croit à la démocratie.
Ce que l’on sait moins cependant c’est que le concept de fake news n’est pas de Donald Trump. C’est plutôt un concept polysémique et politiquement controversé qui nous a été révélé par le journaliste canadien Craig Silverman en 2017. Il est à l’origine de la propagation de cette notion qu’il a utilisée pour la première fois dans un tweet le 14 octobre 2014 alors qu’il dénonçait les fausses nouvelles retrouvées sur un site de fausses nouvelles, le nationalreport.net. À ce sujet, Florian Sauvageau et Simon Thibault écrivent : « Craig Silverman dénonçait alors la fausse nouvelle d’un site de fake news, le nationalreport.net, qui annonçait la mise en quarantaine d’une ville du Texas après qu’une famille du Texas ait prétendument contracté l’Ebola, un virus fort contagieux qui a fait des milliers de morts lors d’une épidémie en Afrique de l’Ouest de 2014 à 2016. » (Florian Sauvageau et Simon Thibault, Introduction dans Florian Sauvageau, Simon Thibault et Pierre Trudel, Les fausses nouvelles. Nouveaux visages, nouveaux défis. Comment déterminer la valeur de l’information dans les sociétés démocratiques ?, Québec, Presses universitaires Laval, 2018, p. 7)
Peu connus au départ, les travaux de Silverman sur les fausses nouvelles ont connu une notoriété accélérée à l’automne 2016 après des articles fracassants qu’il a écrits sur l’ampleur du phénomène sur Internet dans le cadre de l’élection présidentielle américaine. « Les médias, cherchant des réponses à la victoire surprise de Donald Trump, ont abondamment utilisé cette formule sur les fake news pour parler de la désinformation sur les réseaux sociaux. Ce que Trump n’a pas manqué de tourner à son avantage en faisant des fake news l’un des thèmes prédominants des interventions publiques depuis qu’il est président en s’attaquant aux médias américains ! »
L’automne dernier, un livre a été publié sur ce sujet que nous avons cité dans cet article. Le titre de ce livre provient d’un séminaire tenu à l’Université de Montréal par le Centre d’études sur les médias en octobre 2017 avec comme thème Les fausses nouvelles : le nouveau visage d’un vieux problème. Les auteurs du livre écrivent dans la présentation de leur ouvrage que : « Ce livre n’entend pas trouver de solutions définitives au problème des fausses nouvelles. Bien malin qui prétendrait le faire. Nous espérons toutefois grâce à la diversité des contributions de nos collaborateurs et à leur expertise éclairer un peu mieux une question complexe et controversée et évoquer quelques avenues possibles de solutions. » (Ibid. p. 2)
Celles et ceux qui s’intéressent à ce sujet ne devraient pas hésiter à lire cet intéressant bouquin qui fait le tour de la question et suscite la réflexion sur la santé démocratique de nos démocraties.