Requiem pour le PQ

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Date: 14 mars 2019
Auteur: Daniel Nadeau

Sans vouloir joindre notre voix à de nombreuses autres qui prédisent la mort du Parti québécois, il faut convenir que ce grand parti politique, le seul parti de masse qu’a connu le Québec, vit des heures difficiles.

Le noyau de survivants qui demeurent membres de l’aile parlementaire devenue exsangue est bien d’accord pour tout remettre sur la table sauf la raison d’être du parti, l’indépendance du Québec, mais le problème c’est que les gens ont quitté l’antenne depuis longtemps. À part les militants de ce parti qui sont encore nombreux, plus nombreux que ceux des autres partis présents à l’Assemblée nationale, peu de personnes se lèvent la nuit pour se demander ce que sera leur avenir sans le Parti québécois.

De nombreux commentateurs, le commentateur Lisée derechef, pointent le doigt vers les défaites successives. Le Parti québécois serait devenu, comme le dit la jeune députée démissionnaire de Marie-Victorin, Catherine Fournier, un parti de perdants. Un parti dont la marque de commerce est morte. Comme le disait l’humoriste Daniel Lemire, il faut repartir cela sous un autre nom en parlant du Canada dans son cas. Faut-il vraiment assassiner le Parti québécois ? Tâche difficile puisque l’électorat québécois a bien fait la job lors de la dernière élection. Le Parti québécois a été rayé de la carte électorale du Québec étant repoussé dans les régions de l’est du Québec, à l’exception du comté de Marie-Victorin, aujourd’hui occupé par une députée indépendantiste indépendante et le comté de Joliette représenté par Véronique Hivon.

Pendant ce temps, le Parti québécois lance une grande opération de remise à neuf. Tout est sur la table nous dit la présidente du PQ, Gabrielle Lemieux. Que ce soit le nom, le logo, le financement, le mode d’organisation, le programme, etc. Tout est sujet à modifications sauf la réalisation de l’indépendance du Québec.

C’est ici que le bât blesse. L’appétit pour un Québec souverain n’est plus là. La jeunesse érigée en monument d’autorité ne se reconnaît plus dans ce projet. On a beau citer Québec solidaire, mais Québec solidaire n’est pas un parti dédié à la souveraineté, il est un parti dédié à changer la vie des gens notamment par la souveraineté. Québec solidaire veut abolir le capitalisme, l’économie de marché, nos modes de vie actuels individualistes pour des modes de vie plus collectifs. Cela rejoint une frange de la jeunesse, surtout le discours anti-establishment et le discours pro-environnement.

Le problème du Parti québécois n’est pas que son nom, son programme c’est son membership. Les gens qui le font vivre par leur militantisme sont jugés non pertinents pour l’avenir par cette jeunesse que l’on ne cesse d’invoquer. Pour cette jeunesse, les vieux doivent laisser la place aux jeunes. Ils ont fait leur temps. Dans le rapport de l’ex-candidat à la chefferie St-Pierre-Plamondon, cela coulait de source.

Tout cela n’est que rhétorique. La vraie raison du déclin du PQ remonte à la déclaration malheureuse de son ancien chef le soir du référendum où il avait attribué la défaite du pays à l’argent et à des votes ethniques. Ces propos de Parizeau étaient maladroits et inconvenants. Il a ainsi ouvert la boîte à pandore du nationalisme ethnique. Le nationalisme identitaire est venu souiller la marche du Québec vers son destin que ce soit comme société distincte à la Bourassa ou comme pays. C’est depuis ce temps que les Québécoises et Québécois ont cessé d’être à l’écoute du Parti québécois. Cela devrait faire partie des réflexions qui s’amorceront sous peu au Parti québécois.

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