La communication humaine
--
Date: 8 mai 2019Auteur: Daniel Nadeau
De nos jours, la communication est au centre de nos vies. Pour toutes les organisations et pour toutes les entreprises et même pour les individus, communiquer est devenu l’enjeu principal. Il convient donc de s’interroger sur les fondements de notre compréhension de ce mot si simple et si complexe à la fois : communication.
Le rédacteur en chef du magazine Sciences Humaines en 2003, Jean-François Dortier posait le problème ainsi dans une véritable encyclopédie des savoirs : La communication. État des savoirs publié chez Sciences humaines Éditions :
« La communication limpide et transparente est un mythe. Les messages sont souvent ambivalents, le récepteur sélectionne les données et les véritables enjeux sont souvent cachés : c’est ce que nous apprennent les recherches sur la communication depuis bientôt un demi-siècle » (Jean-François Dortier, « La communication : omniprésente, mais toujours imparfaite » dans La Communication. État des savoirs, Paris, Sciences humaines Éditions, 2003, p. 1)
Dortier ne saurait si bien dire. Il y a plusieurs façons de communiquer utilisées par l’humain pour se faire comprendre, et ce dès sa prime naissance. Rappelons les cris du bébé et ses pleurs pour nous dire qu’il a faim, qu’il est content, qu’il n’est pas bien. Ce n’est pas encore du langage raisonné, mais bien l’expression des besoins et des émotions. C’est aussi le cas du langage non verbal qui conserve toute notre vie son importance. Nos gestes, nos postures sont parties intégrantes de nos communications avec l’Autre.
Il y a aussi bien sûr le langage. Au XXe siècle, les linguistes se sont intéressés « à la nature du langage, à sa logique interne, à sa structure et à son fonctionnement. Pour Ferdinand de Saussure (1857-1913), père de la linguistique moderne, la langue forme un système de signes abstraits articulés entre eux dont il faut comprendre l’armature plus que l’histoire ou l’usage. » (Ibid. p. 5)
Puis Roman Jakobson (1896-1982), dans son essai de linguistique générale publié aux Éditions Minuit en 1981, a proposé de distinguer six fonctions du langage:
- « La fonction “expressive” ou “émotive” qui traduit les émotions;
- La fonction “conative” qui a pour but d’agir sur le destinataire (par exemple en donnant un ordre);
- La fonction “phatique” qui vise à établir ou maintenir un contact (comme lorsque l’on dit Allo au téléphone);
- La fonction “métalinguistique” qui consiste à régler son propre discours (Je voudrais dire que… Voilà ce que je pense…);
- La fonction “poétique” qui vise la recherche des effets de style;
- La fonction “référentielle” qui consiste à transmettre une information. »
Le très grand universitaire Noam Chomsky (né à Philadelphie en 1928) et qui a enseigné toute sa vie au Massachusetts Institute a voulu reconstruire une grammaire universelle qui serait le fondement de toutes les langues du monde. Ces dernières années, les publications se sont intéressées à l’effet des médias dans nos vies en faisant comme le suggérait les travaux d’Herbert Marcuse des outils de propagande. Des concepts hérités des écrits de Karl Mark et d’Antonio Gramschi.
Plus récemment, il y a l’œuvre dominante de Jurgen Habermas qui avec ses livres sur l’espace public et l’agir communicationnel a révolutionné un peu nos façons de voir les communications et les interactions. Les thèses défendues par Jurgen Habermas se prêtent merveilleusement bien à notre monde où les nouvelles technologies de l’information s’imposent. Il faudrait aussi parler des thèses d’Armand Mattelart sur les communications-monde et celle de Nicos Poulantzas sur la révolution Internet.
De tout temps, les moyens techniques ont largement influé sur nos modes et sur nos façons de communiquer. Deux penseurs canadiens en ont fait la démonstration Harold Innis et Herbert Marshall McLuhan.
Ces dernières années, les recherches se sont approfondies et on s’est beaucoup intéressé à la sociologie des médias, aux théories de la réception et à plusieurs autres aspects des communications. Par ailleurs, de nombreuses universités offrent aujourd’hui des programmes de baccalauréat, de maitrise et de doctorat en communication, dont l’Université Laval qui est l’une des pionnières au Québec dans ce domaine.
Qui veut encore prétendre que communiquer c’est simple et donner à tout le monde…