Le bon voisinage
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Date: 22 mai 2019Auteur: Daniel Nadeau
Ces derniers mois, notre premier ministre Justin Trudeau avait perdu le sourire. Il faut dire qu’après la gestion pitoyable de l’affaire Wilson-Raybould, les difficultés grandissantes avec la crédibilité environnementale de son gouvernement et les résultats des élections dans les provinces qui lui ont fait perdre beaucoup d’amis, notre Justin national avait peu d’occasions de se réjouir. Les chemins ensoleillés ont fait place au temps nuageux qui annonce même du temps orageux en prévision de la prochaine campagne électorale.
Étant donné l’état des relations avec notre voisin Donald Trump, peu auraient prédit que la planche de secours de Justin Trudeau lui viendrait de son voisin américain. En effet, l’annonce conjointe des deux gouvernements, canadien et américain, de la fin des tarifs sur l’aluminium et l’acier et de la perspective de ratifier dans les meilleurs délais le nouvel accord de libre-échange entre le Canada, les États-Unis et le Mexique, ne peuvent mieux tomber pour la campagne électorale des libéraux de Justin Trudeau. Cela donne un peu d’oxygène à son gouvernement tout en lui permettant de reprendre l’initiative du programme politique et de trouver de la traction favorable dans l’opinion publique canadienne.
La fin des tarifs injustes imposés par l’administration Trump sur l’acier et l’aluminium et la ratification prochaine du nouveau traité de libre-échange vient faire la preuve que la stratégie poursuivie par le gouvernement Trudeau dans ses relations de bon voisinage avec son puissant voisin américain n’était pas si mauvaise. Mieux encore qu’elle était la stratégie à adopter. Cela viendra enlever des munitions à ses adversaires et tout particulièrement au chef conservateur Andrew Scheer qui plastronnait sur les mauvais choix du gouvernement Trudeau en matière de politique étrangère.
Bien sûr, en politique tout est toujours en équilibre. La nouvelle entente cordiale avec les États-Unis vient approfondir nos mauvaises relations avec la Chine qui sont à couteaux tirés avec les États-Unis. Par la fin des tarifs, l’administration Trump fait du Canada sa sentinelle pour surveiller le dumping de l’acier et de l’aluminium sur les marchés nord-américains. L’affaire Huawei et les Canadiens détenus injustement par la Chine constituent de nouveaux défis pour le gouvernement Trudeau. Il serait peut être avisé que le premier ministre du Canada rappelle aux dirigeants chinois qu’il est le fils de Pierre Elliott Trudeau qui fut le premier pays occidental à reconnaître la Chine communiste de Mao Tsé-Tung. Une photo de son père avec Mao pourrait peut-être aider à changer la donne…
Quoi qu’il en soit, on peut se réjouir du rétablissement de nos relations de bons voisinages avec notre voisin américain. Même s’il faut se méfier de Trump, c’est toujours cela de gagner et Donald Trump, et consciemment ou non, vient de donner un sérieux coup de pouce à la campagne électorale de Justin Trudeau qui est déjà amorcée. Palpitant comme histoire, vous ne trouvez pas ?