L’Europe en porte à faux avec ses opinions publiques nationales

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Date: 27 mai 2019
Auteur: Daniel Nadeau

Le résultat hier des élections européennes annonce une recomposition de la politique nationale des divers États européens. Trois grands constats se dessinent à la suite du résultat de ces élections. D’abord, il y a approfondissement du dégagisme. Les anciennes forces politiques de gauche ou de droite sont tassées au profit de l’émergence de nouvelles forces politiques comme la République en marche du président Macron au détriment des républicains de droite et des sociaux-démocrates de gauche. Cette nouvelle reconfiguration des forces politiques européennes annonce par exemple en Allemagne des jours sombres pour la chancelière allemande Angela Merkel.

Le second constat est la montée du nationalisme et du populisme dans tous les pays européens. Faut-il pour autant en déduire que c’est le retour au tribalisme comme le formulent bien des politiciens européens en exprimant tout le dédain qu’ils ont pour le nationalisme et les frontières ? Pour autant les habitants des différents pays qui ont été aux urnes ne rejettent pas tous l’Europe. Ils rejettent plutôt l’Europe des technocrates de Bruxelles. Ils rejettent la standardisation des vies nationales de chacun des pays membres de l’Union Européenne. Par exemple, les préoccupations des gens quant à l’immigration illégale et la protection des frontières nationales n’est pas nécessairement le rejet d’une Europe des nations. Ce que vient confirmer le résultat de cette élection c’est que le comportement électoral des britanniques, qui incidemment ont réitéré leur foi dans le Brexit en portant leur voix vers Nigel Lafarge, ont exprimé leur ras-le-bol envers une Europe technicienne qui vient effacer les différences nationales au moyen de règles bureaucratiques.

Le dernier constat c’est que la reconfiguration du parlement européen à partir de l’expression de nouvelles forces politiques émergentes vient affaiblir en quelque sorte l’idée même de l’Europe, du moins d’une Europe imaginée à Bruxelles. Ce qui à court terme ne peut qu’affaiblir ces pays devant ses concurrents dans le monde que sont la Chine, la Russie et les États-Unis.

Ce sera intéressant à suivre au cours des prochains mois et des prochaines années cette reconfiguration politique européenne. Il est d’ores et déjà certain que cela aura de grandes répercussions sur la politique française et sur la politique allemande. Il y a aussi un signal clair pour le successeur de Theresa May. L’appui massif au Brexit laisse peu de place à une nouvelle négociation avec l’Europe. Le Brexit dur devient de plus en plus une probabilité…

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