Visa le noir et tua le blanc

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Date: 12 juin 2019
Auteur: Daniel Nadeau

À vouloir le mieux parfois on prépare le pire. C’est la réflexion que m’inspire la décision qui sera annoncée aujourd’hui par le gouvernement Legault concernant les trop-perçus d’Hydro-Québec qui représente la rondelette somme de 1,5 milliard de dollars.

Le gouvernement Legault présentera aujourd’hui un projet de loi par lequel il obligera Hydro-Québec à reverser la somme des trop-perçus au cours des cinq prochaines années sous la forme d’un crédit tarifaire pour la présente année et de hausses limitées au taux d’inflation pour les quatre prochaines années.

Le paradoxe de cette décision du gouvernement Legault tient d’abord dans sa valse-hésitation de son processus de décision. Jamais la Coalition avenir Québec ne s’est engagée à rembourser ce trop-perçu qui résulte des décisions de la Régie de l’Énergie du Québec et des demandes d’Hydro-Québec de 2014 à 2016 sous le gouvernement libéral de Philippe Couillard. D’ailleurs, ces hausses du tarif de l’hydro-électricité se sont inscrites dans un contexte d’austérité budgétaire sans précédent au Québec. Ce qui venait ajouter à l’exaspération des Québécoises et des Québécois.

C’est dans ce contexte que la CAQ s’est lancée dans une opération de séduction en dénonçant le gouvernement Couillard pour ces hausses et en promettant que lorsqu’il sera élu, il remettra de l’argent dans les poches de la classe moyenne. C’est ce discours qui a créé l’impression que si l’on élisait la CAQ, les trop-perçus seraient remboursés. La campagne de mobilisation de la CAQ ayant été efficace, on comprend mieux pourquoi aujourd’hui, François Legault est pris avec cette patate chaude qui n’était pas un engagement formel, mais qui était perçu comme le fonds de commerce de ce parti.

Devant ce dilemme, François Legault a d’abord résisté répétant que jamais il ne s’était engagé à rembourser ce trop-perçu et que la façon d’un gouvernement caquiste de remettre de l’argent dans les poches de la classe moyenne était la réduction de la taxe scolaire et les baisses d’impôt. Manifestement, cela n’a pas été suffisant. C’est pourquoi demain on annoncera le remboursement de ces trop-perçus d’Hydro-Québec.

Ce n’est pas une très bonne décision. D’abord, cet argent était déjà dans le Fonds consolidé du Québec. Rembourser ces sommes sur la base de la consommation d’électricité n’est pas une solution équitable pour les moins riches de notre société. Habituellement, celles et ceux qui paient de fortes sommes pour l’électricité sont les propriétaires de grosses maisons équipés de multiples appareils énergivores. Sans connaitre les détails, il apparait évident que cela favorisera les plus riches comme les baisses de taxes scolaires favorisent les plus riches.

Puis, le bas coût de l’électricité au Québec n’incite pas à une utilisation efficiente. Sur le plan environnemental, cela ne favorise pas une meilleure utilisation de cette importante source d’énergie. Un bel exemple où en visant le noir on tua le blanc.

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