Passer le relais aux nouvelles générations
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Date: 13 septembre 2019Auteur: Daniel Nadeau
La population du Québec vieillie. Cela fait souvent l’objet des manchettes. Pas toujours pour les bonnes raisons d’ailleurs. Ce qui fait que toute une génération de femmes et d’hommes qui ont contribué à bâtir le Québec que nous connaissons aujourd’hui tombent dans l’oubli. Parfois, ces gens quittent la scène dans la retraite de l’anonymat, en d’autres occasions c’est la fin de leur vie qui met fin à leurs contributions. Parmi ces gens qui ont contribué à construire le Québec contemporain, il y a l’ancien maire de Québec, Jean-Paul L’Allier qui est décédé en janvier 2016. Dans les années 60, Jean-Paul L’Allier a jeté les bases de la coopération internationale du Québec. Dans les années 1970, il a été un ministre de la culture fort actif dans le gouvernement libéral de Robert Bourassa de 1970 à 1976 où il a mené des batailles épiques contre Ottawa sur les responsabilités des communications notamment. Il était l’un des défenseurs du concept de la souveraineté culturelle du Québec.
Jean-Paul L’Allier a par la suite traversé le mur partisan et s’est fait un des défenseurs du Oui lors du référendum de 1980 du gouvernement du Parti Québécois de René Lévesque. On a aussi connu Jean-Paul L’Allier comme maire de Québec qui de 1989 à 2005 a embelli sa ville, renouvelé son urbanisme, dynamisé sa culture et surtout accru le rayonnement international de la ville de Québec. Le quartier Saint-Roch c’est Jean-Paul L’Allier.
Décédé en 2016, il avait laissé des notes derrière lui que l’historien Gilles Gallichan a patiemment réunies pour donner un livre qui constitue les mémoires de Jean-Paul L’Allier. Le résultat des efforts de Gilles Gallichan vient d’être publié chez Septentrion sous le titre Le Relais. Mémoires inachevés. Avec l’aide de Johanne Mongeau, la compagne de Jean-Paul L’Allier, ce livre publié cette dernière semaine constitue un livre au genre hybride qui tient à la fois de la biographie, des mémoires, de réflexions et d’analyses diverses.
Une semaine avant sa mort, Jean-Paul L’Allier avait noté dans ses carnets une réflexion qui explique ses intentions : « J’écris énormément pour parler et être lu, pour raconter, faire rire, surprendre et partager. C’est comme si j’avais à dire sur tout. Quand quelqu’un parle, je parle aussi sur le sujet ou pas loin. Mes morceaux de mémoire morte s’activent, le temps d’en rajouter. Je ne sais pas bien écouter. La vie m’a toujours fait parler. C’est mon outil de travail et de plaisir. Ma mémoire est un bordel, mais je sais où sont mes affaires. J’ai voulu écrire, laisser quelque chose. Pour qui? Pour moi, par orgueil et parce que j’ai vécu heureux. » (Jean-Paul L’Allier avec la collaboration de Gilles Gallichan, Le Relais. Mémoires inachevés, Québec, Septentrion, 2019, p. 12)
Jean-Paul L’Allier a été un personnage important du Québec et assurément un grand personnage de la ville de Québec. Il laisse un souvenir d’un homme compétent, cultivé et surtout qui a aimé d’un amour fou la ville de Québec. Son nom est inscrit à jamais dans l’histoire du Québec, mais surtout de sa capitale. Lire ses mémoires inachevés c’est en quelque sorte nous rappeler combien il manquera au Québec…