Dieu et les catastrophes naturelles
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Date: 16 septembre 2019Auteur: Daniel Nadeau
Lu dans l’édition de La Presse+ d’hier, cet intéressant article de Nicolas Bérubé qui publie le résultat de son entrevue avec la professeure agrégée d’économie à l’Université de Copenhague, Jeanet Sinding Bentzen concernant les liens entre les catastrophes naturelles et les croyances en Dieu. Fascinant comme étude.
Intitulée Acts of God? Religiosity and Natural Disasters, l’étude réalisée auprès de 400 000 personnes dans 96 pays révèle que le sentiment religieux est plus présent dans les lieux géographiques où se produisent des catastrophes naturelles. Un phénomène qui est perceptible et qui se transmet de génération en génération.
Qui plus est, ce phénomène touche toutes les classes sociales et toutes les nationalités. Le journaliste de La Presse+ Nicolas Bérubé rapporte les propos suivants de la professeure Sinding Bentzen : « Des gens de toutes classes sociales, de tous niveaux de revenus et d’instruction se tournent vers la religion pour faire face à l’incertitude. Ce qui m’a le plus surprise, c’est à quel point l’effet était marqué et allait au-delà du type de désastre naturel, du revenu des gens ou de leur lieu de résidence dans le monde. Mes collègues économistes croyaient que ces gens se tournaient vers les églises pour trouver de l’aide matérielle après une catastrophe, ce qui, en conséquence, accroissait le sentiment religieux. Mais quand j’ai regardé les données, j’ai vu que cet effet était très mineur et que les gens se tournaient vers la religion comme moyen de faire face psychologiquement à l’adversité. » (loc. cit.)
L’étude de la professeure de l’Université de Copenhague ne nous dit pas cependant si ce sentiment de religiosité pourrait s’accroître dans les prochaines années ou dans un futur prévisible sous l’impulsion des catastrophes naturelles qui seront le produit des changements climatiques : « … il est difficile de se prononcer sur la trajectoire du sentiment religieux. Mon étude montre que les tsunamis influencent le sentiment religieux, ce qui s’applique jusqu’à un certain point à l’Amérique du Nord. Aux États-Unis, les gens qui habitent dans les États ayant des risques accrus de tremblements de terre sont plus nombreux à chercher sur le Net des termes comme “Dieu”, “Jésus”, “Bible” et “prière”. Une autre de mes études a montré qu’aux États-Unis, certains changements dans les lois ont entraîné une hausse de la religiosité. Ces initiatives visent à augmenter la coopération entre l’État et l’Église, à garantir la liberté religieuse et à augmenter l’autonomie de l’Église, de plus en plus appelée à fournir de l’aide à partir de fonds publics. De façon générale, la religiosité est gouvernée par l’offre et la demande. Les désastres naturels causent une hausse de la demande pour la religion, tandis que des initiatives pilotées par l’Église semblent augmenter l’offre religieuse. » (loc. cit.)
Un rapide survol de la toile permet de trouver de nombreux sites religieux qui font état de liens entre les catastrophes naturelles et l’existence d’un Dieu vengeur ou encore d’un Dieu qui assiste imperturbable à cette recrudescence de catastrophes naturelles de tous genres. Un échantillon de ce type de littérature trouvée sur le Web : « Pourquoi Dieu permet-il des tremblements de terre, tornades, ouragans, tsunamis, typhons, cyclones, glissements de terrain et autres catastrophes naturelles ? Il permet à la terre de refléter le péché. De fait, la création attend avec un ardent désir la révélation des fils de Dieu. En effet, la création a été soumise à l’inconsistance, non de son propre gré, mais à cause de celui qui l’y a soumise. Toutefois, elle a l’espérance d’être elle aussi libérée de l’esclavage de la corruption pour prendre part à la glorieuse liberté des enfants de Dieu. La chute de l’humanité dans le péché a eu des conséquences sur tout, y compris sur le monde dans lequel nous vivons. Tout dans la création est soumis à la “vanité” et à la “corruption”. Le péché est la cause ultime des catastrophes naturelles, ainsi que de la mort, de la maladie et de la souffrance.
D’une part, de tels événements ébranlent notre confiance en cette vie et nous obligent à penser à l’éternité. Les églises sont généralement remplies après une catastrophe naturelle, parce que les victimes prennent conscience de fragilité de leur vie, qui peut prendre fin en un instant. Mais nous savons une chose : Dieu est bon ! De nombreux miracles étonnants sont survenus à l’occasion de catastrophes naturelles, pour les empêcher de faire encore plus de victimes. Les catastrophes naturelles poussent des millions de personnes à réévaluer leurs priorités dans la vie. Des centaines de millions de dollars d’aide sont envoyés afin d’aider les personnes qui souffrent. Des ministères chrétiens ont l’occasion d’aider, de conseiller, de prier et de conduire des âmes au salut par la foi en Christ ! Dieu peut faire beaucoup de bien par les pires tragédies et il le fait. »
Hallucinant n’est-ce pas ? Ainsi devant les catastrophes naturelles, on peut prévoir selon une étude sérieuse la montée des sentiments de religiosité. Déjà, on perçoit avec les éléments les plus radicaux de l’écologisme une forte tendance à la montée de l’autoritarisme. Quelqu’un se rappelle quelle époque de l’histoire de l’humanité se caractérise par la conjonction de l’autoritarisme et de la religiosité. Si je vous parle de l’époque des croisades et du Moyen Âge, ça vous dit quelque chose ? Vivement la rationalité à notre secours et l’action structurée pour contrer les changements climatiques et éviter la recrudescence des catastrophes naturelles. Sinon, on peut s’interroger dans quel monde vont sombrer nos enfants et nos petits enfants ?