Le spin des médias
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Date: 29 octobre 2019Auteur: Daniel Nadeau
Vous avez surement déjà entendu l’expression des spins doctors. Expression qui se traduit par les fabricants d’images au service des partis politiques et qui donnent des entrevues pour avantager le point de vue de celles et ceux qui les paient. Ce concept a longtemps servi à jeter du discrédit sur ces personnes qui pratiquaient le métier des relations publiques. Or, l’époque actuelle, où tout est possible, laisse entrevoir des situations où les médias fabriquent eux-mêmes leur propre spin pour ensuite en faire un sujet d’actualité. C’est le concept des médias acteurs plutôt que des médias observateurs.
Vous voulez un exemple concret de cette affirmation. En voici une. Le gouvernement de la CAQ a annoncé hier la tenue d’une élection complémentaire dans le comté de Jean-Talon pour pourvoir au poste que l’ancien député libéral, Sébastien Proulx a laissé vacant en démissionnant. Jusque-là, rien de neuf sous le soleil. Hors, comme moi vous savez qu’une élection complémentaire, une partielle comme on le dit dans le jargon politique, n’a rien pour susciter l’intérêt des foules. D’ailleurs, le taux de vote dans ce type d’élections s’établit habituellement entre 28 à 30 % lorsque l’on réussit à en faire un événement. Cela signifie que règle générale, la population s’intéresse peu à ce type d’élection. Des exceptions peuvent être parfois observées, mais dans des contextes particuliers comme une élection prochaine à venir.
Dans le cas de l’élection de Jean-Talon qui est un non-événement par nature, les médias cherchent à créer l’événement en présentant cette élection comme un enjeu fondamental pour l’avenir du Parti libéral du Québec. Imaginez, nous racontent-ils, le Parti libéral du Québec, un grand parti de l’histoire du Québec, risque d’être confiné à l’île de Montréal. Comme si le résultat de la dernière élection pouvait être changé par le résultat d’une élection partielle. Le PLQ a un sérieux problème pour se rapprocher du Québec francophone et, réélection dans Jean-Talon ou pas ce problème sera le même.
Dans ce contexte, prêter la moindre importance à l’issue de cette élection dont les résultats sont inscrits à l’avance comme une victoire de la Coalition avenir Québec c’est contribuer au spin du gouvernement qui veut nous faire croire aux notions de château fort libéral, de défi insurmontable alors que la réalité c’est que ce gouvernement caracole en tête des sondages d’opinion et qui est encore, une année après son élection, en lune de miel avec les Québécois.
Moi je n’y prêterai guère attention, cette élection est un passage obligé et les risques que le Parti libéral du Québec perde le combat sont assurés. Il est vrai que la question fondamentale est, qui finira deuxième : le PLQ ou Québec solidaire ? Dans ce comté, il y a de grosses chances que Québec solidaire finisse avantageusement dans les résultats finaux puisque c’est un comté qui compte une université et deux cégeps. Les règles étant ce qu’elles sont et l’implantation de Québec solidaire dans ces milieux sont des facteurs qui pourraient expliquer que non seulement le PLQ ne gagnera pas l’élection, mais qu’il finisse en troisième et même en quatrième place. Cela signifie-t-il pour autant que nous devrions compter le Parti libéral du Québec comme hors-jeu pour les prochaines élections ? Les adversaires qui souhaitent ce scénario devraient être prudents. Le PLQ est un grand parti et une force historique au Québec. Il faut toujours se méfier des eaux dormantes…