L’Estrie dit non au projet de loi no 40
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Date: 12 novembre 2019Auteur: Daniel Nadeau
C’est aujourd’hui que le Regroupement des commissions scolaires de l’Estrie et le Regroupement des commissions scolaires de la Montérégie témoigneront devant les membres de la Commission parlementaire de la culture et de l’éducation qui étudie le projet de loi no 40 visant à abolir les commissions scolaires.
Nous savons peu ce que font les commissaires scolaires. De manière générale, nous nous intéressons très peu à ce levier de démocratie régionale. Quand nous en entendons parler, c’est souvent pour de mauvaises raisons. Pourtant, ce palier de pouvoir local et régional est fondamental à l’existence d’un réseau public d’éducation. Chez nous en Estrie, le réseau d’éducation public est encore plus loin de nos préoccupations, car nous pouvons compter sur un solide secteur privé d’éducation primaire et secondaire.
Néanmoins, il est important que nous puissions comprendre rapidement les enjeux du projet de loi no 40 qui vise à abolir ces structures démocratiques. Ce que les commissions scolaires diront aujourd’hui au ministre de l’Éducation c’est qu’il fait fausse route avec son projet de réforme de la gouvernance scolaire. Sous l’argument fallacieux de décentraliser les pouvoirs des commissions scolaires vers les écoles, nous avons plutôt droit à un vaste projet de centralisation de l’éducation dans les mains du ministre de l’Éducation. Pire encore, par ce projet de loi, le gouvernement du Québec vient abolir un contre-pouvoir utile afin de ne plus avoir d’obstacles à ses volontés. Cette monopolisation des pouvoirs dans les mains du ministre est pire encore pour le monde de l’éducation que le fut jadis la réforme de Gaétan Barrette dans le monde de la santé.
Non seulement le projet de loi no 40 est centralisateur, mais en abolissant le rôle des élus scolaires, le projet de loi vient annihiler toutes les initiatives de partenariat et de réseautage entre le monde de l’éducation et la société. Ce qui fait notre fierté chez nous en Estrie. Outre cet aspect, le projet de loi présenté par le ministre Roberge vient aussi enlever toute notion d’imputabilité des futurs gestionnaires de l’éducation dans les nouveaux conseils en région. Imaginez, parfois on s’intéresse aux allocations de dépenses de nos élus de quelques milliers de dollars, là c’est plus d’un demi-milliard de dollars de nos taxes et de nos impôts qui seront gérés par des tiers qui n’auront à rendre de compte à personne sauf au ministre de l’Éducation.
Par ailleurs, ce projet de loi vient déposséder la population de son réseau d’éducation public pour le mettre dans les mains de parents dont les enfants fréquentent des établissements scolaires. Un grand-père n’a plus de mot à dire sur l’orientation des politiques en matière d’éducation. Le projet de loi no 40 vient nous priver de nos droits de citoyens. Sans compter que le projet de loi no 40 crée deux types de citoyens au Québec sur la base de leur appartenance linguistique.
Pire encore, par l’adoption de son projet de loi no 40, le ministre Roberge viendra supprimer un palier démocratique où les femmes sont majoritaires. Avec tous les efforts que nous faisons pour favoriser la participation à la vie démocratique, ce projet de loi est un recul inacceptable pour les femmes.
Bref, il faut encourager nos commissions scolaires dans leur combat contre un projet de loi centralisateur, qui divise les anglophones et les francophones, les parents et les élus et qui vient déposséder le Québec de son réseau d’éducation public au profit d’une république de parents non élus.
Il faut dire non au projet de loi no 40 et appuyer nos commissions scolaires dans leur combat contre la perte de nos droits démocratiques et d’une partie de notre pouvoir régional.