Les bougons coréens
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Date: 31 mars 2020Auteur: Daniel Nadeau
Trop souvent, nous nous sous-estimons quand nous parlons de notre culture québécoise et que nous jugeons qu’elle est trop locale pour attirer le regard des autres. J’en ai une preuve indéniable en sortant de mon visionnement du film Parasite du réalisateur sud-coréen Bong Joon-Ho. Après avoir remporté la palme d’or à Cannes, ce film a triomphé aux États-Unis, remportant quatre Oscars en février dernier. Meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur scénario original et meilleur film international. Toute l’industrie s’est inclinée devant cette œuvre qui n’est pas sans intérêt, mais qui reprend dans un univers différent celui des Bougons de François Avard.
Il est vrai que Parasite est un très bon film et que Bong Joon-Ho est un excellent réalisateur. Le film en lui-même n’est pas sans intérêt. Il raconte l’histoire d’une famille de « loosers » qui vit d’expédients et surtout qui tente de s’enrichir aux dépens des autres. Dans ce film, les protagonistes sont une famille en chômage. Un jour, grâce à un ami, le fils se fait recommander pour donner des cours particuliers à une jeune fille de bonne famille, les Park. Famille richissime dont la vie est tout l’opposé à celle de la famille de Ki-Taek. S’ensuivra un engrenage incontrôlable qui mènera au drame.
Parasite c’est un film universel comme aurait pu l’être Les Bougons qui fait la démonstration que la lutte des classes est encore d’actualité en cette époque de pandémie. Les plus pauvres, les malchanceux, les laissés pour compte trouvent toujours des moyens pour assurer leur survie même si cela doit être fait aux dépens d’autrui. C’est ce que nous révèle le film Parasite. La bêtise humaine est sans limites et elle trouve toujours un moyen pour exploiter la crédulité des gens de bien qui se font avoir comme des louveteaux à leur première sortie en forêt avec leurs parents. Parasite est un film à voir pour sa poésie de la débrouillardise et du mensonge. Il peint un portrait sans fards de la crédulité des gens bien qui se font avoir. Cela n’est pas sans nous rappeler à nous au Québec la série de François Avard Les Bougons. Mêmes thèmes, mêmes mises en situation. Ce qui me fait dire que Les Bougons traitait d’un sujet universel, mais qui n’a pas eu la chance comme le film de Bing Joon-Ho d’être reconnu sur la scène internationale.