Sommes-nous plus créatifs en ce temps de pandémie ?
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Date: 10 avril 2020Auteur: Daniel Nadeau
Je ne sais pas pour vous. Pour ma part, ce cloisonnement obligé favorise la lecture. Ceux qui me connaissent diront à raison que cela ne change pas beaucoup de mon quotidien. Ils n’auraient pas tort. Néanmoins, ce temps est précieux et me permet de lire des ouvrages que j’avais mis de côté en me disant que lorsque j’aurais plus de temps, j’y reviendrais.
C’est dans ce contexte particulier que j’ai lu cette semaine l’essai du romancier Haruki Murakami intitulé Profession romancier et publié chez Belfond en octobre 2019 pour la version française. La version originale en langue japonaise fut publiée en 2015.
J’ai découvert cet auteur au tournant de la dernière décennie principalement avec son grandiose roman IQ84. Un romancier de grand talent qui a une façon originale d’aborder le monde. Dans un monde de fantastique et de légèreté et de science-fiction.
J’étais donc un lecteur intéressé sur sa manière de voir le métier d’écrivain. J’ai été particulièrement happé par l’importance que revêt à ses yeux la créativité. Lisons ce qu’il nous en dit en s’inspirant de la définition qu’en a donné le neurologue Oliver Sacks dans son livre Anthropologie sur mars : « La créativité, telle qu’on la conçoit d’habitude, implique non seulement un « quoi », mais aussi un « qui » – de puissantes caractéristiques individuelles, une identité solide, une sensibilité personnelle, un style particulier qui passent dans le talent et s’y fondent en donnant en lui donnant une consistance et une forme personnalisées. La créativité, en ce sens, suppose que l’on soit capable de faire œuvre originale, de se détacher des regards habituels qu’on pore sur les choses, de se mouvoir librement dans le royaume de l’imagination, de créer et de recréer pleinement des mondes dans son esprit – tout en surveillant chacune des opérations d’un œil critique. La créativité a donc quelque chose à voir avec la vie intérieure – avec la réceptivité aux idées nouvelles et aux sensations fortes. » (Haruki Murakami, Profession romancier, Paris, Belfont, 2019, p. 55)
En ce temps de pandémie, je crois que les conditions sont réunies pour que la créativité des uns et des autres rejaillisse dans la production de nos artistes et de nous tous. Au moins, la pandémie pourrait être une source de créativité. C’est déjà ça de pris…