L’opinion publique et ses débuts en Europe et en Amérique au 17e et 18e siècle

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Date: 17 avril 2020
Auteur: Daniel Nadeau

Dans la séquence de blogues sur l’espace public et l’opinion publique comme concepts fondamentaux en communication, aujourd’hui, je vous parle du livre de Sebastián, Javier Fernández et Joëlle Chassin, L’avènement de l’opinion publique. Europe et Amérique XVIIIe-XIXe siècles, parut à Paris en 2004 aux éditions L’Harmattan.

Sous la direction de Javier Fernández Sebastián et Joëlle Chassin, plus de 16 auteurs sont réunis dans cette collection d’essais. Javier Fernández Sebastián est un professeur d’histoire de la pensée politique à l’Université du Pays basque à Bilbao et il a agi aussi comme professeur invité à l’École des hautes études des sciences sociales à Paris. Pour sa part, Joëlle Chassin est enseignante et chercheuse au CNRS, écrivaine et directrice de plusieurs collections chez l’éditeur Harmattan.

Ce livre traite des systèmes libéraux démocratiques modernes. Le gouvernement représentatif moderne est aussi le gouvernement de l’opinion, c’est-à-dire qu’il est fondé sur un régime mettant en vedette l’opinion publique. Comme le mentionnent les auteurs en introduction ; « L’opinion et la représentation semblent bien être les deux piliers sur lesquels reposent nos systèmes libéraux-démocratiques. Dépendant de leur insertion dans les discours et de leur expression dans les institutions, ces deux principes de légitimité ont vu leurs fonctions se modifier jusqu’à parfois devenir indistinctes, comme s’il s’agissait d’une double – et par là même conflictuelle – incarnation symbolique de l’unité du corps politique. Actuellement, on considère l’opinion comme l’ingrédient démocratique par excellence, la représentation comme la composante libérale aristocratique du système. » (p. 9)

Les auteurs croient que l’opinion publique est loin d’être une notion ubiquiste et intemporelle. Pour eux, c’est un concept ancré dans l’espace qui est né dans le discours politique qui coïncide avec la phase ultime de l’Ancien Régime et à l’aube du libéralisme dans le monde occidental. Les auteurs sont en parfaite communion avec la théorie de l’Espace public de Jürgen Habermas et avec de nombreux auteurs français et britanniques sur la naissance de l’opinion publique.

Les essais qui ont été réunis dans ce livre s’intéressent à trois périodes chronologiques distinctes soit l’époque des lumières et des révolutions qui est le début de l’opinion publique, la charnière de l’époque de la modernité où se rencontre l’ancien et le Nouveau Monde et enfin l’époque de la publicité et de la sociabilité au 19e siècle en Europe et en Amérique, en Amérique latine exclusivement.

Les essais de ce livre viennent éclairer sous différents angles les origines et les premières étapes d’un concept qui se sont par la suite développées rapidement des deux côtés de l’Atlantique selon des formes culturelles et sociales diverses. Certains essais sont plus importants que d’autres à mes yeux notamment ceux de la première partie sur l’e moment de l’Europe des Lumières où Necker et Sieyès sont mis en vedette. Dans la seconde partie, l’essai qui touche l’opinion publique et la pensée contre-révolutionnaire avec Edmund Burke, et celui sur l’émergence de l’opinion publique au Mexique au 19e siècle ainsi que celui sur le problème de la représentation en France, en Espagne et au Royaume et la contribution sur le tournant scientifique et l’émergence d’un nouveau concept d’opinion publique au tournant du 20e siècle a particulièrement retenu mon attention.

Bref, un recueil d’articles qui discute de la question de l’opinion publique sous différents angles en ayant des cas concrets pour discuter et les historiser.

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