Crise de l’UQAM
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Date: 14 avril 2015Auteur: Daniel Nadeau
Si l’on y regarde de près, le recteur de l’Université du Québec à Montréal, Robert Proulx est sorti grand gagnant de la crise médiatique de la semaine dernière à l’UQAM. C’est donc dire que ce n’est pas toujours à l’aune de la dureté des critiques que l’on mesure le succès ou l’insuccès d’une gestion de crise.
Les faits sont probants :
- Les casseurs ont quitté le site de l’Université sous l’approbation populaire;
- L’opinion publique s’est massivement rangée derrière les forces de l’ordre et le gouvernement dans le conflit qui les oppose au mouvement étudiant;
- Les procédures d’expulsion des étudiantes et des étudiants ciblés par la direction de l’Université suivent leurs cours.
Dire cela n’est cependant pas affirmer que tout est au beau fixe pour l’avenir de l’UQAM et du mouvement étudiant. Comme je l’affirme souvent dans les billets de ce blogue, le dialogue est la seule voie possible pour trouver des solutions gagnantes pour tous.
Dans l’état actuel des choses, il est clair que les pratiques d’une minorité agissante parmi les étudiants et leurs alliés non étudiants, une frange de militance anarchiste, nuisent à la fois à la vitalité de la démocratie étudiante et à l’image de marque de l’UQAM. Ces opposants objectifs sont condamnés à dialoguer et à trouver une issue honorable pour contribuer au rétablissement de la crédibilité des deux parties.
Les médias ont largement contribué à faire de ces incidents violents, attribuables à une infime minorité de personnes, un événement d’envergure qui vient créer des perceptions fausses et dommageables tant à l’endroit du mouvement étudiant qu’à celui de l’UQAM.
Ainsi, le mouvement étudiant, et tout particulièrement les associations présentes à l’UQAM, a avantage à refaire son image pour se donner une nouvelle crédibilité auprès de la population. Il est impératif que les étudiants se distancent des franges anarchistes en son sein et puissent se redonner des lettres de noblesse. Il est clair pour bien des gens que les étudiants ne sont pas tous des casseurs ni des prophètes d’une société sans classes et sans règles de droit. Les dirigeants des associations étudiantes doivent d’abord faire le ménage dans leurs rangs et ensuite ouvrir un dialogue avec les autorités de leurs universités sur des bases nouvelles. C’est la seule voie possible pour retrouver un semblant de légitimité.
Pour la direction de l’UQAM, l’enjeu est le même. Si cette institution universitaire importante pour le Québec ne parvient pas à rétablir le dialogue avec ses étudiants et à recréer un semblant d’unité avec les différents représentants de son personnel, cette université connaîtra des ressacs de ces événements en ayant plus de difficultés dans son recrutement. Il sera également plus difficile pour elle d’attirer des chercheurs. Ce qui dans le contexte d’aujourd’hui la condamnerait à une régression importante de son statut parmi le monde universitaire québécois.
Comme on le constate, le dialogue entre les parties prenantes constitue aujourd’hui un défi important pour tous les membres de l’UQAM. Du succès de cet éventuel dialogue dépend de l’avenir de cette institution. Jamais l’expression communauté universitaire n’aurait plus de sens à l’UQAM qu’en ces jours de turbulence.