La fin du voile de l’ignorance
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Date: 16 juin 2015Auteur: Daniel Nadeau
Il y a un an Normand Baillargeon a publié chez M éditeur, un petit livre, de 150 pages à peine, qui rend compte des diverses interventions faites par des intellectuels qui ont réfléchi au monde des communications à l’invitation du magazine À bâbord! Dans le cadre d’un colloque tenu au printemps 2013. Ce livre intitulé : « Mutations de l’univers médiatique. Médias traditionnels et nouveaux » reflète bien la pensée critique de notre époque en regard de plusieurs phénomènes que j’ai évoqués dans des billets précédents sur ce blogue.
Dans mes billets précédents, j’ai surtout évoqué les effets des transformations du monde des médias en cherchant à mieux comprendre ses transformations économiques et la fin du modèle d’affaires traditionnel qui se traduit notamment par les phénomènes de convergence et de concentration de la propriété des médias. J’ai aussi porté à votre attention les questions du sous-financement des médias publics comme la Société Radio-Canada.
J’ai voulu aussi vous faire prendre conscience des conséquences de ces phénomènes sur la pratique du journalisme et le vécu des journalistes. De la sorte, j’ai voulu vous informer de l’effet de la spectacularisation des médias sur notre monde vécu, de la disparition de l’Information objective et factuelle au profit de l’opinion et surtout du manque de diversité de l’information et de son homogénéisation en même temps que l’on assiste à la fragmentation des auditoires et au règne du « je ne lis que celles et ceux qui pensent comme moi ».
Il y a en quelque sorte une faille immense dans nos institutions démocratiques que sont nos médias d’information qui n’est pas attribuable à une volonté transcendante manipulatrice qui nous instrumentalise, mais bien plutôt à une série de facteurs et de phénomènes qui mènent à notre abrutissement collectif.
C’est dans ce monde que doivent évoluer aujourd’hui les organisations lorsqu’elles désirent communiquer avec leurs publics cibles et c’est dans ce monde particulier que les professionnels des relations publiques se transforment en intellectuels organiques.
J’ai eu l’occasion d’évoquer ce concept dans un billet précédent intitulé Connaissez-vous Gramschi la semaine dernière. L’endroit où le manque de transparence et de clarté le plus dommageable pour nous tous c’est bien dans le monde de la politique. L’État qui représente toutes les citoyennes et tous les citoyens peine à prendre le virage des communications transparentes, car nous le savons bien l’information c’est le pouvoir.
Des choix se posent à chacun. Le désir de transparence, la volonté de devenir des organisations soucieuses du bien commun est plus accessible que jamais à qui veut bien. L’excuse de ne pas savoir comment tout cela marche ne tient plus. Le voile de l’ignorance est levé. Nous sommes à l’ère des communications vraies…