Le « duffygate »
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Date: 20 août 2015Auteur: Daniel Nadeau
En marge du procès du sénateur conservateur Mike Duffy et du témoignage de l’ancien directeur du cabinet de Stephen Harper, Nigel Wright, nous assistons peut-être à la naissance d’une tentative délibérée de couverture de gestes criminels de la part du bureau du premier ministre du Canada. La question n’est pas de savoir si oui ou non des gestes de camouflage délibéré ont été posés ou non. Aujourd’hui, ce fait est établi. La question qui tue est : Est-ce que Stephen Harper savait? Stephen Harper a-t-il menti à la population canadienne en répondant aux questions incisives sur le sujet du chef de l’opposition et chef du NPD, Thomas Mulcair?
Le procès se continuera de longues semaines. Les effets délétères de ce procès sur la campagne électorale des conservateurs se font de plus en plus sentir et on sent, si l’on en croit les journalistes qui couvrent la campagne des conservateurs, que la campagne de Stephen Harper en est affectée. Les annonces soigneusement préparées n’occupent pas la place souhaitée parce que les questions des journalistes portent largement sur le procès Duffy.
Stephen Harper perd le contrôle de l’agenda politique, ce qui ne pourra qu’avantager ses adversaires qui eux, en toute intelligence, continuent de matraquer leur message clé : Thomas Mulcair continue de se présenter comme le chef « premier ministrable » de relève en allant même sur le terrain des conservateurs de la sécurité publique. Justin Trudeau poursuit sa croisade à la faveur de la classe moyenne.
Les militants conservateurs sont de plus en plus irrités de la couverture de la campagne électorale faite par les médias qui n’en ont que pour le procès Duffy et qui ne s’intéressent pas aux annonces quotidiennes du chef de leur parti. Ce qui met en lumière une fois de plus l’importance ultime du contrôle de l’agenda des sujets en campagne électorale. Cette fois encore, le contrôle de l’agenda échappe aux détenteurs du pouvoir au profit des médias d’information qui ne font que leur travail dans un contexte où le gouvernement conservateur et le premier ministre Harper sont vulnérables. Assisterions-nous à la naissance d’un « duffygate » canadien?