Les radios-poubelles

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Date: 2 février 2017
Auteur: Daniel Nadeau

Le chroniqueur du Journal de Montréal, Richard Martineau, s’est payé un moment de bonheur en ridiculisant le rapport de Dominique Payette sur les radios privés de Québec. Sa rhétorique facile ne peut cependant pas nous faire oublier qu’il y a du vrai dans le rapport de madame Payette sur les « radios-poubelles ». Même si l’on remarque que ce rapport souffre de graves lacunes et n’est pas un modèle de recherche universitaire. Il faut lire le chroniqueur Yves Boisvert de La Presse ce matin pour en prendre un peu la mesure. Ce qui pour autant n’invalide pas certaines questions légitimes soulevées dans le rapport de madame Payette.radios-poubelles

Certes, on doit s’attendre que les radios privés « brassent » et cherchent par le sensationnalisme et la controverse à faire leur place au soleil dans un marché de plus en plus concurrentiel. Je crois profondément à la liberté d’expression et je suis de ceux qui considèrent qu’il est sain que celles et ceux qui nous gouvernent et prennent des décisions avec notre argent doivent rendre des comptes. N’oublions pas cependant qu’il y a toujours le fond et la forme.

Sur le fond, il est clair que l’on peut critiquer, contester toutes les décisions, mais pas n’importe comment et surtout pas en empruntant un langage ordurier populiste à la « Éric Duhaime ». Trop c’est comme pas assez.

On peut critiquer les organisations syndicales, mais on n’a pas le droit d’ostraciser les gens qui font partie de ces syndicats ou qui croient à l’action syndicale. D’ailleurs, quoi que l’on en dise, les organisations syndicales ont joué un rôle majeur dans l’édification du Québec moderne.

On peut aussi critiquer une société que l’on juge frileuse, mais pas en ciblant les féministes, les fonctionnaires ou les mouvements étudiants comme étant les responsables de tous les maux. Les radios privés parlés de Québec ont beaucoup donné dans ces travers et ils ont usé trop souvent de langages orduriers et fait preuve de violence verbale. Ce n’est pas tant les radios qui sont en cause, mais les animateurs.

Nous ne retrouvons pas la même intensité de ces outrances dans toutes les régions du Québec, mais pour écouter parfois les radios parlées de Sherbrooke je peux témoigner qu’il arrive trop souvent que l’on soit sur la ligne mince qui sépare la démagogie et la désinformation de l’information et de la critique souhaitable dans une société libre et démocratique. La rigueur n’est pas toujours au rendez-vous.

Ce qui aiderait beaucoup c’est que les animateurs et leurs collaborateurs se donnent la discipline d’appliquer plus de rigueur journalistique dans le traitement de l’information. Le spectaculaire ça vend bien, mais cela demande de la modération qui comme on le sait, a toujours meilleur goût…

C’est pourquoi je crois que même si l’étude de madame Payette souffre de graves lacunes et de carences, il faut néanmoins lui accorder plus de crédibilité fut-elle une péquiste, qu’aux propos racoleurs et populistes de Richard Martineau. Si les radio-poubelles sont une réalité, les chroniques poubelles aussi…

Les radios privés parlés de Québec et d’ailleurs doivent faire un examen de conscience si elles désirent conserver un tant soit peu de crédibilité auprès de celles et de ceux qu’ils prétendent informer…

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