Un plan de communication doit s’adapter aux situations

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Date: 20 novembre 2015
Auteur: Daniel Nadeau

J’ai déjà écrit ici qu’un plan de communication était essentiel à toute organisation pour qu’elle puisse obtenir du succès dans ses communications avec ses publics cibles. Tous les professionnels de communication confirmeront cette affirmation. Néanmoins, il faut aussi savoir qu’un bon plan, aussi excellent soit-il, doit s’adapter aux circonstances. Sinon, c’est la catastrophe.

J’étais de ceux qui ont été vivement impressionnés par le plan de communication et la stratégie mise en œuvre par l’équipe libérale de Justin Trudeau au lendemain de sa victoire électorale éclatante du 19 octobre dernier. Durant la campagne, les stratégies de communication libérales avaient été efficaces sans pour autant se démarquer par leur originalité. Répéter toujours le même message même si les gens ne peuvent plus l’entendre est une stratégie de communication vieille comme la terre. Le « J’ai un plan » a été répété à satiété. Quoi qu’il en soit, au terme de la campagne électorale, nous avons dû nous incliner devant la stratégie retenue puisqu’elle a permis à Justin Trudeau et à son équipe de gagner et de remporter le privilège de gouverner le Canada pour quatre ans. Dans les circonstances, ce fut un tour de force.

Ce qui fut le plus impressionnant cependant, ce fut le plan mis en œuvre après la victoire libérale. La présence de Justin Trudeau dans le métro, les décisions rapides de rupture avec le régime Harper quant au recensement, aux relations du gouvernement avec la presse, la parole publique des scientifiques et la mise en scène populiste de l’annonce du Conseil des ministres ont été des moments forts et marquants du nouveau gouvernement libéral de Justin Trudeau.

Quoi de plus normal pour un nouveau gouvernement de vivre une lune de miel avec les électeurs au lendemain d’une victoire inespérée et convaincante. Le gouvernement Trudeau a tellement bien fait que j’ai dit à des amis que c’est la première fois depuis longtemps qu’un gouvernement d’un pays d’une démocratie libérale suscitait autant d’espoir. Justin Trudeau se mettait dans une position de changer le rapport des Canadiennes et des Canadiens avec le Politique et la politique.

Ce qui était vrai hier l’est moins aujourd’hui. Il aura fallu que la terreur qui s’est abattue sur Paris rappelle à tous que « les faits sont têtus » en politique et que tôt ou tard ils se rappellent à nos bons souvenirs. Les événements de Paris ont mis en lumière les faiblesses de Justin Trudeau en matière de politique internationale. Cruellement, sa lenteur à réagir à cet événement majeur de la politique internationale et la fatuité de ses propos avant de prendre l’avion gouvernemental pour son périple de rencontres internationales ont desservi son image de nouveau leader charismatique.

Plan de communication

Source: The Star

Tout ce que Justin Trudeau faisait avant et qui lui a permis d’incarner le changement espéré par les Canadiens est subitement devenu gênant. Les autoportraits dans une atmosphère de lendemain d’attentats apparaissaient comme des rires inappropriés dans un salon funéraire où l’on va rendre hommage à un oncle que l’on aimait bien. Ses propos populaires pendant la campagne pour le retrait des F18 du Moyen-Orient s’apparentent aujourd’hui à une fuite de lâche d’un théâtre d’opérations où ça commence à chauffer. Les propos justifiant le retrait des F18 sont défendables, mais difficilement conciliables avec la nouvelle donne des rapports de force actuels.

L’obstination du gouvernement Trudeau à accueillir 25 000 réfugiés alors qu’il tarde à donner les détails de l’opération à venir nuit à la cause des Syriens et permet à des forces obscurantistes de se cacher derrière des faits de logistique pour exprimer leur xénophobie contre les musulmans.

Bref, l’aura de Justin Trudeau et de son gouvernement en a pris pour son rhume et elle est moins inspirante tout à coup. À qui la faute? Simple. Les stratèges de Trudeau n’ont pas pris en compte les nouveaux éléments de contexte et ils ont maintenu le cap sur ce qui leur a permis de gagner il y à peine un mois. Ils tiennent à leurs idées comme les riches à leur argent. À la fin, on ne peut que conclure que les errances actuelles du nouveau gouvernement Trudeau tiennent à une erreur de base : ne pas avoir adapté leur stratégie de communication et leur plan aux nouvelles circonstances. Erreur de débutant…

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