Télévision : faites vos jeux, rien ne va plus!
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Date: 10 mai 2016Auteur: Daniel Nadeau
On en parle souvent. La révolution Web vient chambouler l’ordre existant dans le monde des médias. Après avoir détrôné la radio et les quotidiens imprimés, la télévision se fait aujourd’hui servir la même médecine par de nouvelles plates-formes de diffusion et voit ses revenus publicitaires en prendre pour son rhume.
Une étude récente du CRTC nous apprend que les stations de télévision ont vu leurs revenus totaux reculer de 46,6 millions de dollars entre 2014 et 2015. Au total, les 93 diffuseurs privés au pays ont vu leurs revenus fondre de 2,6 % enregistrant un revenu total de 1,76 milliard pour la période de 12 mois qui s’est terminé le 31 août 2015.
Les revenus publicitaires ont généré à eux seuls 1,2 milliard. On constate un recul de 1 % des recettes liées à la publicité locale.
Malgré ces mauvaises nouvelles, le CRTC indique que les diffuseurs privés ont tout de même haussé de 652,8 millions de dollars leur investissement dans la programmation canadienne soit une augmentation de 35 millions de dollars. Il faut cependant savoir que le CRTC exige un pourcentage précis de programmation canadienne à tous les diffuseurs privés.
Chez Radio-Canada, la situation est bien pire que chez les diffuseurs privés. Les revenus publicitaires ont chuté de 53 % passant de 474,6 millions de dollars à 220,1 millions de dollars. Une baisse qui s’explique par l’absence d’événements sportifs majeurs à l’antenne radio-canadienne et la perte des droits de diffusion du hockey de la LNH.
Ce n’est pas étonnant dans ce contexte que le grand patron de Québecor, Pierre Dion, affirme que l’écosystème de l’industrie de la télévision est désuet et qu’il appelle à une mutation de l’industrie qui devrait vendre plus de contenu sur les marchés étrangers. Il plaide aussi pour que la Société Radio-Canada revienne à une programmation plus culturelle et qu’elle se retire des produits plus commerciaux pour laisser le champ libre aux diffuseurs privés.
D’intéressants débats en perspective pour l’industrie de la télévision au moment où le gouvernement libéral de Justin Trudeau s’apprête à réinvestir dans la Société Radio-Canada pour venir annuler les coupes sauvages faites depuis plus de 20 ans. S’il est vrai que le réinvestissement est un passage obligé, il n’est pas moins vrai qu’il faut aussi s’interroger sur la programmation de Radio-Canada. Pas sûr moi que le monde de Véro c’est dans le mandat de Radio-Canada pas plus que des émissions de cuisine de Ricardo. Avec la révolution du Web, le débat est à faire…