Le Groupe TVA n’a pas tout à fait tort…

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Date: 12 mai 2016
Auteur: Daniel Nadeau

Mardi dernier, le Groupe TVA tenait son assemblée annuelle. Sans surprise, la présidente et chef de la direction de Québecor Groupe Média, Julie Tremblay, a profité de la tribune qui lui était offerte pour déplorer que le gouvernement fédéral injecte de nouveaux fonds dans la Société Radio-Canada/CBC qui serviront à concurrencer avec plus d’efficacité les chaînes privées en matière de contenu.Groupe TVA

Madame Tremblay est allée plus loin en affirmant : « On ne voit pas de différence entre nous et le diffuseur public. Si vous regardez la programmation, c’est rendu qu’on se bat pour aller chercher des séries américaines. On trouve que ce n’est pas dans le mandat ni le rôle de la SRC ».Madame Tremblay est donc opposée au versement de 675 millions de dollars de plus au budget de Radio-Canada, subvention qu’elle qualifie de « chèque en blanc » donné à la direction de Radio-Canada.

Le débat n’est pas nouveau. S’il est vrai que Radio-Canada doit avoir une programmation à la télé, à la radio et sur le Web lié à son mandat de diffuseur public, il est quand même permis d’envisager autre chose qu’une programmation de canal spécialisé ne diffusant que des documentaires sur les grands espaces canadiens. Le réinvestissement du gouvernement dans Radio-Canada fait à la suite des coupes draconiennes de tous les gouvernements depuis celui de Pierre Elliott Trudeau. Il était temps que l’on réinvestisse dans notre diffuseur public. D’ailleurs, le Canada figure parmi les pays comparables comptant sur un service d’un diffuseur public et qui le finance le moins per capita.

Le débat voulant que Radio-Canada doive revoir sa mission et ne puisse avoir à ses antennes d’émissions de culture populaire est voué à ne pas trouver d’écho. Par contre, il m’apparaît important qu’un débat puisse se faire avec la population canadienne sur la programmation de la radio et de la télé de Radio-Canada. La Société Radio-Canada devrait mieux refléter la réalité canadienne d’un océan à l’autre et combattre la « montréalisation des ondes ». Pour illustrer mon propos, si l’émission de l’hiver dernier de Gregory Charles, les virtuoses, était clairement dans le mandat de Radio-Canada, on ne peut pas dire que les échangistes animés par Pénélope McQuade est une émission phare de Radio-Canada. Que vient faire Véronique Cloutier avec son canal à Radio-Canada? Pourquoi tant de reprises à la radio de Radio-Canada, jusqu’à quatre fois en une semaine la rediffusion de la même émission? Je pourrais continuer longtemps.

Bref, le Groupe TVA n’a pas tout à fait tort. Radio-Canada devra recentrer sa mission de diffuseur public, mais pas au prix de devenir un lieu d’un mortel ennui…

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