La gestion de crise, un art
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Date: 25 mai 2016Auteur: Daniel Nadeau
La gestion de crise, pas la tasse de thé du gouvernement Couillard!
S’il y a une chose qui est commune à tous les gouvernements, c’est d’être constamment sollicité par la gestion d’une crise. Comme on le dit souvent avec justesse, au gouvernement une crise en chasse une autre. Si gouverner c’est prévoir et anticiper, on doit reconnaître que pour le gouvernement libéral de Philippe Couillard, on navigue souvent à vue et on est la plupart du temps en réaction aux événements.
L’incapacité de ce gouvernement à anticiper et à gérer les crises n’est plus à démontrer. Il s’agit d’interroger les journalistes qui couvrent l’actualité politique québécoise, je vous fais le pari que vous n’en trouverez pas un qui affirmera le contraire. Cela en dit long sur le gouvernement, mais surtout sur la personnalité du premier ministre Philippe Couillard et de son entourage immédiat. Comment se peut-il que ce gouvernement ne soit pas sensible à des dossiers qui de toute évidence vont faire l’objet de l’attention du public et des médias?
Par exemple, est-il possible qu’au sommet de ce gouvernement, on ignore la très grande sensibilité politique autour du ministère des Transports? Comment peut-on changer le ministre sans être au courant, par exemple, des tensions entre le ministre et sa sous-ministre autour de questions éthiques? Cela dépasse l’entendement. De deux choses l’une. Les faits étaient connus et on a cherché à faire un « cover-up » en espérant que par enchantement cela disparaîtrait ou en prétendant que l’on ne savait pas. Cela n’est pas très réconfortant quant à notre opinion sur les compétences des gens qui nous gouvernent.
Ce que je veux mettre en évidence dans ce billet, c’est que de loin ce gouvernement est le plus mauvais élève de tous les gouvernements que j’ai connus en matière de gestion de crise. On peut attribuer cela à de multiples causes, mais je crois que la plus importante tient à la personnalité du chef du gouvernement Philippe Couillard. Habitué d’être un premier de classe possédant une intelligence hors du commun, il croit à tort que seule la rigueur de son raisonnement vaincra tous les périls. Ce n’est malheureusement pas comme cela se passe.
Une anecdote vécue. Alors qu’il était ministre de la Santé et des Services sociaux, Philippe Couillard était le ministre responsable d’un dossier de l’un de mes clients soit la Centrale d’appel des services d’urgence. Sous la recommandation de son ministère et du CRSSS de l’Estrie, on cherchait à déménager la centrale d’appel de Sherbrooke en Mauricie. Au fond, cette décision, si elle avait été prise, aurait privé Sherbrooke de près de cent emplois au profit de la région de Trois-Rivières. Par cette décision qui venait affecter la qualité des services offerts aux ambulanciers de la région et à la population, on déménageait des emplois du comté du député de Sherbrooke et premier ministre du Québec, Jean Charest, vers le comté d’une députée de l’opposition.
Philippe Couillard était demeuré de glace devant cette éventualité. On pourrait voir dans cet événement la démonstration de son objectivité et de son parti pris pour les faits et la science. Moi j’y voyais plutôt son insensibilité politique et surtout son parti pris pour la bureaucratie. Aujourd’hui, le gouvernement qu’il dirige fait souvent preuve d’insensibilité politique et il donne souvent dans l’improvisation. C’est la principale raison qui explique à mon sens que la gestion de crise ce n’est pas la tasse de thé des libéraux de Philippe Couillard…