Estelle Gobeil : Une pionnière du développement régional nous quitte
--
Date: 19 juillet 2016Auteur: Daniel Nadeau
Madame Gobeil était de tous les combats pour faire reconnaître et avancer l’Estrie. Pour madame Gobeil, tous les dossiers de tous les secteurs méritaient notre appui. Que l’on parle de tourisme, de foresterie, d’industrie, de commerce, de culture ou d’éducation, Estelle Gobeil trouvait tout important quand cela provenait de sa région. Elle voulait toujours que l’on prenne en compte la dimension régionale de tous les dossiers.
Femme de dossiers, elle était aussi une femme de pouvoir. Elle avait une connaissance fine des dossiers, des enjeux et de l’environnement politique. Elle était une grande féministe même si elle ne ressentait pas le besoin de s’identifier comme une femme féministe. Madame Gobeil était avant tout une bête de pouvoir. Pas le pouvoir pour le pouvoir, mais pour faire avancer les dossiers de la région de l’Estrie et surtout ceux de La Patrie, sa patrie à elle.
J’ai connu madame Gobeil sous bien des angles. J’ai été employé au Conseil régional de développement de l’Estrie alors qu’elle était devenue présidente à la suite de monsieur Jacques Flahaut. Je commençais à peine ma carrière professionnelle à titre d’agent de développement sous la direction de mon ami Rock Fortin.
J’ai surtout connu madame Gobeil par la suite alors que j’étais conseiller au Cabinet du premier ministre Bourassa pour les dossiers régionaux. J’étais le secrétaire du caucus ministériel des députés de l’Estrie. Le défunt député d’Orford, Georges Vaillancourt a été mon président. C’est dans le cadre de ces fonctions que j’ai le plus fréquenté madame Estelle Gobeil. Elle était un moulin de revendications sans fin pour sa région. Elle revendiquait fermement, mais avec beaucoup de gentillesse. Elle était centrée sur les résultats qu’elle voulait obtenir, mais toujours elle s’intéressait à ses interlocuteurs. C’était une femme pleine d’humanités.
Ma dernière rencontre avec elle fut lors d’un événement de la Chambre de commerce de Sherbrooke. Elle était assise à la même table que moi, accompagnée de Claude Denis si ma mémoire m’est fidèle. Ce jour-là, j’avais écrit une opinion critique sur le gouvernement de Jean Charest eu égard à sa position sur les frais de scolarité. Madame Gobeil avait remarqué mon opinion le matin dans La Tribune et m’avait félicité de mon indépendance d’esprit et de mon esprit critique. Elle savait mieux que quiconque que les libéraux c’était ma famille politique. Madame Gobeil croyait important que l’on puisse se dire les vraies choses dans une famille même si l’on ne cessait pas pour autant de s’aimer. C’est ce qu’elle m’avait dit au sujet de mon opinion du jour parue dans le quotidien La Tribune.
Estelle Gobeil est décédée vendredi dernier à l’âge de 94 ans. Elle laissera un grand vide dans notre région. Des femmes et des hommes comme elle, il ne s’en fait plus beaucoup en cette époque de consumérisme et d’égoïsme social.
Bon repos, madame Gobeil, vous nous manquerez…