Une mauvaise bonne idée : financer les médias régionaux avec nos taxes
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Date: 16 août 2016Auteur: Daniel Nadeau
Profitant de la journée du livre québécois, le ministre de la Culture du Québec et député de Sherbrooke Luc Fortin s’est dit ouvert à l’idée de financer les médias régionaux à même une taxe sur les services Internet et de téléphonie cellulaire et par l’abolition de la taxe sur le recyclage. Cette idée de financer les médias régionaux fait aussi l’objet de demandes spécifiques de la part de propriétaires de groupes médias tels Rogers et Groupe Capitales Médias, propriétaire du journal La Tribune. Celles et ceux qui me connaissent ne peuvent douter de mon attachement aux médias régionaux. J’ai été le premier à poser des gestes pour dénoncer les fermetures à TQS ou encore à me porter à la défense de Radio-Canada.
Néanmoins, je suis plutôt circonspect avec l’idée de financer à même nos taxes les médias. Je suis favorable à ce que nous les soutenions, mais pas par le moyen de subventions directes. Cela ne constitue pas une émulation à faire plus ou à faire mieux dans les régions. Nous avons vu de nombreux exemples avec les promesses non remplies des différents groupes de médias qui ont fait des acquisitions et qui promettaient la main sur le cœur de maintenir les activités en région.
Si je ne suis pas favorable à une aide financière directe, je suis cependant ouvert à des formes d’aide financière. D’abord, le gouvernement du Québec, celui du Canada et les municipalités devraient être incités à investir plus d’argent de leur budget publicitaire dans les médias régionaux. J’ai déjà écrit ici sur ce blogue que le gouvernement du Québec peinait à tenir ses engagements en cette matière.
Le gouvernement pourrait accorder aux organismes communautaires et culturels un financement afin qu’ils puissent publiciser et crédibiliser leurs activités dans les médias régionaux. Ainsi, les médias les plus dynamiques et les plus présents dans leur milieu seraient les principaux bénéficiaires de ces sommes d’argent. Le financement viendrait de l’État qui pourrait le puiser à même une taxe sur les services Internet ou de téléphonie cellulaire, mais la récolte de cet argent par les médias serait conditionnelle au jugement des gens des milieux régionaux. Les organismes pourraient choisir librement le média dans lequel ils voudraient investir ces sommes aux fins de promotion de leurs activités auprès du public. Cela créerait de l’émulation entre les médias mis en concurrence et permettrait aux populations des régions de mieux connaître les activités de leurs organismes communautaires et culturels.
Cette idée mériterait d’être retravaillée, j’en conviens, mais chose certaine, elle serait plus porteuse d’avenir que l’avenue envisagée de donner un chèque en blanc à des propriétaires de groupes médias qui ont fait la preuve, à quelques exceptions près, du peu de fiabilité de leur parole en matière d’information régionale et de desserte des régions.
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