L’identité politique québécoise : la monnaie politique du jour…
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Date: 6 septembre 2016Auteur: Daniel Nadeau
Les hommes et les femmes politiques veulent nous séduire. Ils veulent les faveurs de l’opinion publique. Même s’ils nous racontent qu’ils œuvrent en politique pour leurs valeurs, nous pouvons être certains qu’à plusieurs occasions, ils cherchent à nous dire ce que nous voulons entendre pour obtenir notre adhésion. L’opinion publique, les manchettes de l’actualité et surtout les sondages qui départagent les uns et les autres sont en quelque sorte la bourse politique et les idées sont pour leur part la monnaie d’échange par laquelle ils seront en mesure de constater leur gain ou leur perte dans l’opinion. C’est l’essence de la joute politique.
C’est pourquoi à mon sens, les discours des femmes et des hommes politiques sont très révélateurs de ce qu’ils pensent de nous et du Québec. Quand par exemple le chef de la Coalition avenir Québec juge à propos d’affirmer qu’il faut que le Québec baisse le niveau du nombre d’immigrants, il cherche à séduire une clientèle qui va se reconnaître dans ce discours et reconnaître son leadership. Il cherche aussi à ce que l’on adhère au discours de son parti dans le grand marché électoral. Même chose pour le premier ministre Philippe Couillard, libéral pour sa part, quand il accuse le même François Legault de souffler sur les braises de l’intolérance.
Voilà pourquoi je suis interpellé par le débat lancé la semaine dernière par monsieur Legault sur la question de l’immigration dans un contexte de peur de l’Autre (les musulmans pour ne pas les nommer en référence aux attentats terroristes) et de la réaction épidermique contre les vêtements de la culture musulmane, le burkini par exemple. Monsieur Legault sait très bien qu’il va séduire une portion de l’électorat qui aimerait qu’il n’y ait pas d’immigrants au Québec.
Il est normal qu’un peuple minoritaire comme le nôtre souffre d’insécurité identitaire. Il est aussi compréhensible que nous cherchions des explications simplistes, même s’il est facile de prouver que de telles explications n’existent pas pour nous rassurer des incertitudes qui planent sur notre avenir face à la complexité d’un monde en constante mutation.
Ce qui est moins rassurant c’est que celles et ceux qui veulent nous diriger et diriger notre nation soient prêts à se servir de tous les moyens pour gagner sans égards aux dommages collatéraux. Le vouloir-vivre ensemble est fragile et cet appel au Nous fragile m’apparaît comme un procédé rhétorique politique plein de dangers pour notre avenir.
Cela révèle aussi que nous avons beaucoup de chemin à faire tous ensemble pour mieux comprendre le monde métissé dans lequel nous sommes engagés pour le meilleur ou pour le pire. Cela nous dit surtout qu’encore aujourd’hui l’identité politique québécoise est une monnaie d’échange à la bourse politique…